Différentes couleurs
Jérusalem, j’arrive !
Lundi, j’ai tout réglé : billet d’avion, questions sur mon bâton, formulaire d’entrée en Israël, test PCR (25€ si on peut attendre 10h, 50€ pour 6h d’attente et 100€ pour 3h d’attente), test PCR prépayé sur le sol israélien. Mardi midi, l’avion décolle !
Bien que je sois arrivée un peu avant l’heure, je me décompose quand l’hôtesse me demande le document de l’assurance et la déclaration d’entrée en Israël. D’un coup, me revient en tête que j’ai coché machinalement « Je possède une assurance Covid »… Et l’autre document, avec le stress, je n’ai pas idée de chercher la pièce jointe dans le mail. Je joins avec peine l’assurance qui m’envoie aussitôt le document par mail. Je retourne vers l’hôtesse avec les documents, qui fait tout vite car pressée de partir. Elle me dit que mon sac ne peut pas aller en cabine. Mon bâton à la main, j’essaye de passer une première barrière mais en vain car l’hôtesse ne m’a pas donné la carte d’embarquement. Je retourne, j’attends, plusieurs personnes passent devant moi et je passe en tout dernier. Munie de la carte d’embarquement, je scanne mon passeport et passe le guichet de police. Toujours avec mon bâton, je vais vers le contrôle des objets. Je bois d’une traite ma gourde et prend en photo mon bâton sentant la séparation imminente. Ô surprise, on me demande de mettre le bâton sur le tapis. Un employé me demande si c’est pour marcher, je réponds spontanément oui. À cause de certains de mes objets, encore du temps s’écoule. Mais ça y est! Je suis passée !! Avec mon bâton !!! Mais.. prenant peur d’être en retard, je me mets à courir. Erreur fatale ! Ce même monsieur m’interpelle et me dit que le bâton n’est pas autorisé en cabine ! Je lui tends et aussitôt je me remets à courir. Pour découvrir que tous les passagers attendaient tranquillement l’embarquement ! Si je n’avais pas couru…
Assez contrariée par mon erreur, j’apprécie sans plus le vol. Arrivée à l’aéroport de Tel-Aviv à 14h20, c’est à 17h que j’en ressors. Évidemment, il a fallu que je raconte avec le même champs lexical mon voyage le plus simple possible en avançant selon que les portes s’ouvrent. Quelle idée d’avoir parlé comme ça ? Bref, je suis priée d’attendre…un certain temps. Avant d’être appelée par mon prénom, de recommencer à raconter, de montrer et le montant de mon compte bancaire et la réservation du vol qu’ils me demandent d’opérer.
Ayez, j’ai mon visa pour le 17 mai. Maintenant, nouveau test PCR. Le flux de voyageurs s’engouffre dans un hall immense et chacun s’assoie sur l’une des 40 chaises quittée par le précédent voyageur. Drôle de prélèvement : frottement à l’intérieur de la joue et dans la narine très très peu profondément. Ce test me fait plus penser à un test génétique. Mon poignet orné d’un petit bracelet orange de festival, je quitte enfin l’aéroport.
J’approche du but ! 55km. Alors, comme je l’ai fait naturellement, je marche les premiers kilomètres dans un nouveau pays sans savoir quand l’autostop prendra le relais. D’abord l’ambiance aéroportuaire avec ses infrastructures routières et liées au transport (marchandises, voitures de location). J’ai mangé quelques clémentines sur le chemin. Comme à Chypre, les trottoirs sont souvent bordés d’arbustes à agrumes. Repérant un endroit calme dans la campagne qui prenait la suite, j’ai planté ma tente. Deux coureurs m’ont salué et dit que je pouvais manger les oranges derrière le talus, je n’ai pas réussi à y accéder.
Mardi 11 mai, je redémarre tranquillement. Le soleil est écrasant dans la matinée. Je manque d’eau. Je vois un bus dans un endroit qui me surprend. Alors j’approche dans l’espoir qu’il y ait un point d’eau. C’est ainsi que je rencontre Eyob et son collègue en charge de la sécurité et de l’accueil d’un parking privé. Eyob est arrivé d’Éthiopie il y a 22 ans. Il y a 5 ans, il avait de l’embonpoint, il mangeait beaucoup, il ne pensait pas (selon lui), il pouvait être un peu aigri. Ses enfants par leurs questions lui ont permis selon lui de s’interroger sur le sens de sa vie. Alors, il a travaillé dur à maigrir par le sport. Dieu a pris de plus en plus de place dans sa vie, et son aigreur l’a quitté. Il étudie en ce moment l’anatomie pour se diriger vers le mentoring en fitness. En tout cas, j’ai rencontré un homme rayonnant, généreux et humble car prêt à apprendre de tout. Galvanisée par cette rencontre, lui juif et moi chrétienne mais partageant la même foi à un Dieu qui nous donne tout à chaque instant, je suis prête à reprendre la route et à faire de l’autostop au moment opportun. Quelques kilomètres plus tard, je me positionne sur une aire de station service. Il fait chaud (toujours) et au bout de 15 minutes avec mon panneau « Jérusalem », je monte dans la voiture de Jacob…pour Jérusalem (géographique) ! Que je suis émue ! Sur place, j’ai laissé ma joie exploser. Le soutien sous toutes ses formes m’a permis d’arriver à Jérusalem. J’ai beaucoup de gratitude envers Dieu pour l’élan du coeur des personnes rencontrées. Je fus privilégiée d’être témoin et bénéficiaire de ces actes d’amour, d’audace, de confiance, de générosité qui honorent les personnes rencontrées, leur environnement, leurs ascendants et leurs descendants.
Prenez soin de vous.
Traversée de la Turquie
En avançant vers la frontière, j’ai shunté le passage de la frontière côté grecque. Je suis arrivée sur la zone militaire où les soldats m’ont dit gentiment de repartir pour faire valider le passage. Au poste de frontière, qui n’ouvrait qu’au matin, il me faut trouver une voiture car pas de passage de la frontière à pied. Moustafa et deux membres de sa famille m’acceptent. Et avec eux, je vais plus loin et Moustafa me dépose sur l’autoroute. Je m’installe le pouce en avant quand une jeune femme m’invective d’aller ailleurs. Elle m’entraîne en me prenant le bras vers l’autoroute. Après un quart d’heure d’attente et la compréhension de la gestuelle que beaucoup de conducteurs tournent juste après, je marche 13 km à travers une campagne qui me semble très familière, et une chaleur plus tard pas du tout familière. Je réalise à quel point je vais souffrir de la chaleur. Avant d’attendre le village choisi et au point de jonction entre l’autoroute et mon chemin, je décide de tenter sur l’autoroute. Assez vite, une voiture s’arrête. Je n’arrive pas à voir la ville où il va et on a du mal à se comprendre. Une fois parti, je réalise qu’il allait à 400km dans ma direction. Je tente de manger mon panneau de stop mais me resaisit car si lui s’est arrêté, d’autres aussi. Une amie me répond que le prochain me permettra peut-être d’en faire 600km. S’arrête Ramazan qui peut le laisser à 50 km plus bas. Puis dans l’échange, il me dit qu’il va près du port d’où partent les bateaux pour Chrypre. C’est ainsi que je vais parcourir quasiment 1000 km avec lui. Je me suis sentie obligée de clarifier de nombreuses fois mes limites mais j’ai pu dormir en toute tranquillité la nuit sue la couchette supérieure de la cabine. Plus de 24 h avec un grand fumeur devenait difficile. Je me suis questionnée sur la qualité du voyage que je souhaitais, sur ce que j’étais prête à accepter juste pour avancer. C’est ainsi que j’ai décidé de descendre plus tôt, à une station essence. Les conducteurs allumaient leurs phares. C’était très limite. Mais j’avais foi. 4 minutes plus tard, une jeune femme fait marche arrière dans la station et m’emmène 160 km vers ma destination. Burcu est la première femme à me prendre en stop depuis la Bosnie! C’est ainsi que j’arrive à Tarses, la ville de Saint Paul. Traverser en camion à 70 km/h un grand pays comme la Turquie m’a permis d’apprécier les paysages, de réaliser le fort développement économique avec les usines, ainsi que les infrastructures routières. Comme les autres pays, les Turcs ont vu les prix augmenter significativement. La Turquie est un pays magnifique que je quitterai bientôt. Je suis encore dans l’incertitude sur la manière et la date.
Prenez soin de vous
Entrée en Turquie aujourd’hui
Entrée dans les Balkans
Entrer dans les Balkans a été une nouvelle grande étape dans mon cheminement. Un voyage qui devient pèlerinage, à l’entrée de la Bosnie. Le relief est contrasté, les paysages sont magnifiques, le climat est rude (très froid la nuit et l’hiver, très chaud la journée et l’été). Sans compter la gentillesse des personnes rencontrées. Je me sens si reconnaissante de la bonté exprimée dans la matière et la relation. La perte de repères a sûrement contribué en m’emmenant naturellement à voir mes besoins profonds.
Je suis moins enclin à écrire en ce moment. Mon voyage intérieur et extérieur deviennent toujours plus extraordinaire.
Je suis à 300km de la Turquie sur le territoire grecque où l’hospitalité semble si naturelle. La température en journée monte chaque jour un peu plus.
Avec plus de clarté, j’essaye de ne pas exercer ma volonté propre mais celle qui me mènera aux fruits les plus savoureux. Je m’émerveille des rencontres, des territoires parcourus. Je suis curieuse des prochains jours et semaines.
Prenez soin de vous et de vos proches.
Mostar ou Sarajevo ?
Je reprends la route aujourd’hui après une semaine remplie de rencontres et une question de santé. Depuis plusieurs jours, j’avais des démangeaisons et des boutons sur le corps. J’ai eu très peur que ce soit la gale. À l’heure où j’écris, je ne sais pas par quelle direction je poursuis mon chemin. J’aimerais Sarajevo car cette ville est sur la route la plus droite vers la Turquie mais Mostar est peut-être plus fructueux pour i’e raison que j’ignore. L’occasion de revoir Anamaria. Alors j’ai décidé de tendre le pouce vers Mostar pendant une heure. Si je ne bouge pas, alors direction Sarajevo avec Suzana.
Réponse ce soir !
2ème et dernière partie en Italie
Merci à Elisa, Daniel et Cerasale, Franco, Amarido, Jean-Claude, Sandro, Sabina, Gio-Franco, père Sinuhe, Paolo, Tito, Vuokko, Ruben et sa famille pour m’avoir permis d’atteindre la frontière slovène.
Arrivée sur le lieu de la retraite, j’ai déposé mon téléphone, de quoi écrire. Finalement, cet aspect n’était pas si difficile. Le silence totale non plus.
Difficile à écrire quelques lignes sur cette retraite, peut-être plus tard. Assez pragmatique et rationnelle, cette technique de méditation Vipassana est basée sur les sensations corporelles, elle aurait 2500 ans et son accès gratuit tient à un de ses enseignants Goenka.
Ce n’est pas facile de méditer mais je comprends pourquoi certains de mes proches méditent une heure voire bien plus le matin avant de commencer la journée.
Le jour du départ, je me prépare à me mettre en route à pied car personne n’est venu vers moi suite au remplissage du tableau des covoiturages. Mais étonnamment pour moi, je ne suis pas pressée et stressée.
Presque au moment de mettre mon sac sur le dos, Elisa une autre participante me demande si j’ai trouvé une voiture. À la négative, elle me propose de m’emmener…et ainsi parcourir 230km ensemble ! C’est amusant, en voiture, nous avons gardé la même orientation et la même distance en centimètres que celle qui nous a séparée pendant 10 jours de méditation puisque nous étions voisines dans l’espace collectif où chacun a reçu une place attitrée.
Après avoir été déposée par Elisa, j’ai continué quelques kilomètres à pied. Avec le froid, il me faut dépasser mon appréhension de trouver un lieu pour dormir. Je remarque que plus j’avance vers l’Est, plus le soleil se lève et se couche tôt. C’est chez Daniel et Cerasale que je dormirai. J’ai vu de la lumière et ils m’ont ouvert leur porte spontanément. Ils ont quitté la Roumanie dans les années 2000. Daniel soudeur de profession peint magnifiquement et Cerasale infirmière auprès des enfants atteints du sida en Roumanie cuisine délicieusement et mets de la beauté dans son habitat.
Deux jours plus tard, en fin de matinée, à un très grand carrefour à Monfolcone, j’attends en même qu’un jeune homme en vélo. Puis quelques centaines de mètre après, je tends le pouce, et ceci après plus de 6 km de marche. Vuokko s’arrête et me partage en route sur l’histoire de Trieste qui est italien depuis quelques décennies seulement, et sur le secteur frontalier entre l’Italie et la Slovénie.
Je descends de voiture et me prépare à reprendre la route quand tout d’un coup je vois le même jeune homme passer à côté de moi. Passé cet effet de surprise, il s’arrête et nous entamons la conversation. Assez rapidement, il m’invite à déjeuner et me donne son adresse pour que je rejoigne. Je monte vers le nord de deux kilomètres, à Malchina, en passant par un chemin très joli bordé par des murs en pierres déposées.
C’est ainsi que j’arrive chez Ruben et sa famille. Après avoir cuisiné et mangé ses premières lasagnes, je suis invitée à rester jusqu’au lendemain matin. C’est ainsi que j’ai passé une belle après-midi de partages (Ruben et avons en commun le voyage, l’envie de vivre dans un lieu singulier), une soirée où nous étions plusieurs à venir d’horizons différents. Ruben, son papa et un ami ont joué de la musique. Le temps passé également avec Carrie la maman de Ruben, américaine installée en Italie, fut aussi très agréable.
J’aime à penser que l’abondance est toujours là, mais sommes-nous nous présent pour l’accueillir ?
Ce qui est chouette aussi est le fil conducteur du pain. La nuit précédente, j’ai dormi dans une immense salle paroissiale à Cervignano del Fruili. Le prêtre Don Sinuhe était très occupé mais a pris le temps de m’apporter le maximum de confort possible. Il a scanné mes papiers d’identité et était bien embêté que mon pass sanitaire n’était pas valide, un problème technique français. Une fois seule dans la plus grande chambre qu’il m’a été donné de dormir, vers 22h je découvre un congélateur de glacier rempli à ras bord de pains. Ma dernière nourriture, une délicieuse omelette de Cerasale, datait de 9h le matin. Mais voilà, à part le regarder, que pouvais-je faire d’autre ? Le lendemain matin, je suis partie le ventre vide et me suis arrêtée à la première boulangerie sur mon chemin. Je demande s’ils ont du pain qu’ils ne peuvent pas vendre et repars ainsi avec un gros sac de pains. J’en mange deux et le reste tombera parfaitement à pic chez Ruben et sa famille. C’est peut-être la 4ème fois que je rentre dans une boulangerie, je n’ai jamais eu de refus.
J’ai traversé l’Italie en auto-stop sans trop de difficultés. Souvent dans des voitures de petits gabarits, plus courant qu’en France. Les spots me semblent moins évidents qu’en France car moins de place pour se garer facilement. Et en même temps, tous les italiens se sont toujours arrêtés à ma hauteur et non plus loin.
Avec Carrie et Ruben, je suis arrivée en Slovénie. Je sens que je passe un nouveau cap, je vais rentrer dans les Balkans que je ne connais pas.
Prenez soin de vous et à bientôt !
1ère partie en Italie
Grâce à Thierry et Béatrice, Alberto, Mariella, Fabrizio, Fabio, Cedok, Georgea, Chiara, Franco, Inzo, Pietro, Felix, Maria et sa fille Laila, Elvis et Anna, Valeria, j’ai pu rejoindre le Centre de méditation Vipassana.
J’avais pensé qu’en 3 jours je pouvais parcourir les 700km.
Au bout de deux jours, j’en avais parcouru 450.
Depuis la frontière, ce ne sont que des italiens qui m’ont prise en stop à part Thierry et Béatrice. Ils étaient sensibles au fait que ce n’est pas culturel. Une grande diversité de profils : une femme très âgée Rina, des hommes âgés, une jeune fille Chiara dont le papa l’encourage à aider son prochain et à explorer ce qui l’attire, deux tenanciers de bar Franco et Pietro, des personnes qui ont voyagé et habité ailleurs Georgea, Mariella et Felix. Plusieurs d’entre elles m’ont donné leurs coordonnés, si j’ai besoin ou si je reviens.
J’ai mangé des tagliatelles fraiches grâce à Fabio. J’ai dormi chez lui entre ma nuit à -8° à Barcelonnette et cette nuit entrecoupée, cela m’a reposée et a limité la fatigue d’aujourd’hui.
Avec plus de temps, il me semble jouable d’avancer en autostop en Italie.
Mais différents éléments m’ont fait choisir de prendre le train : être sûre d’arriver à l’heure par manque de connaissance de l’Italie ou d’audace, la fatigue accumulée par la tension d’arriver, les 20€ donnés par Inzo « pour le train », l’appréhension des 10 jours de méditation nécessitant que je ne sois pas trop fatiguée en arrivant.
Je pensais avoir choisi plus de facilité, plus de confort. Que nenni…
Le billet choisi n’existait pas à la machine en gare, donc pas de train pour toute la nuit. Départ à 4h32. Alors je m’installe dans la petite gare de Moneglia. Quelques minutes plus tard arrivent 2 carabiniers me demandant mon pass sanitaire. Confiante, je donne mon document. Invalide! Ils me demandent de ne pas stationner dans la gare. Je partage mon exaspération car j’insiste sur la véracité de ce document. Ils me croient sincères et cherchent comment m’aider…mais la loi c’est la loi. Ils arrivent à la conclusion que je peux rester jusqu’au prochain dans lequel ils me poussent presque. Train qui n’était pas celui du billet. En parallèle, je m’inquiète des contrôles en train, de mon billet acheté et surtout de la perspective d’arriver.
Le voyage se passe sans contrôle. Arrivée à 22h à la Spezia, je ne sais pas quoi faire. L’appréhension de la retraite m’incline à me reposer au maximum. J’étais prête à payer une nuit d’hôtel. J’entends parler français et interpelle le jeune couple à qui je demande s’ils connaissent un abri, un endroit secure. Chou blanc, ils sont de passage et se dirigent vers la gare. J’entends un autre couple. Je tente ma chance. Ils se rendent à leur hôtel. On y monte mais personne à la réception. On se sépare là. J’aperçois un coin à l’intérieur où personne ne peut me voir et me permet d’être en sécurité jusqu’au train de 4h43. Quelques minutes plus tard, ils me cherchent et m’expliquent qu’ils souhaitent que je parte car ils ont peur de représailles (pays étranger, leurs passeports déposés à la réception, les caméras qui nous ont sûrement filmés ensemble). Ils m’ont accompagnée jusqu’à la porte de sortie prétextant la clé pour ouvrir de l’intérieur. S’ils mettent une femme dehors dans cette situation, que feraient-ils en temps de guerre ?
Très déçue de leur attitude et déstabilisée par la perte de ma sécurité, je marche de nouveau dans la rue. Je demande à quelqu’un qui promène son chien si je peux dormir dans la cour intérieure, refus. Dépitée et en pleurant, je m’installe par terre devant la gare. J’ai oublié de préciser que la gare est totalement inhospitalière. Habituellement, je fais avec mais avec ce qui m’attend, j’ai besoin de repos et de sécurité.
Je me remets de mes émotions et accepte l’attente au pied de la gare face aux taxis dont la présence me sécurise.
De nouveau, j’entends parler français. J’interpelle les deux jeunes filles. Une sympathique conversation s’ensuit avec Amaya et Anouck. Elles aussi comme le couple visitent les 5 terres à la Spezia. Je crois qu’elles sont dans le même hôtel que les deux garçons. Très spontanément, elles m’invitent à passer la porte avec elles. On se sépare à l’entrée et j’attends le passage d’un autre client pour monter. À ce moment-là, je m’aperçois que ce n’est pas le même hôtel. Pas de coin caché. Après être restée dans les escaliers, je choisis de m’allonger dans le petit salon. Ainsi, j’ai pu dormir un peu de minuit à 4h.
Je monte dans le train de 4h43 me menant à Florence. J’y dors tout du long. De nouveau, je monte dans le train me rapprochant du centre.
À chaque arrêt, un discours sur l’obligation du Green Pass dans le train et ce qui attend les contrevenants. Je trouve cela très traumatisant ! Je comprends que la population choisisse le vaccin pour espérer le retour à la normale.
Je publie cet article et parcours les 15 derniers kilomètres à pied.
Dans 10 jours, je reprends le téléphone et l’itinérance.
Prenez soin de vous.
La france est derrière moi
Depuis Valence, grâce à Gwendoline, Stéphanie, Virginie, Claire, David, Didier et Laurence, Icham, Marie, Yasmine, Amélie, Eddy, Ziné et Wissem, Irina, Dominique, André, Clément, Christophe et Maurice, Brigitte, Yasmine, Charles, Elfie Yvan Naïs, Yves et Claude, Marion, Anatole, Jean-Marie Lana Élodie, Dominique et Pascale, Bernard et Guylaine, j’ai atteint l’Italie.
Enfin, je franchis la frontière française par le col de Larche pour de bon après plus de 7000km de pérégrinations.
Bien que j’ai déjà fait de l’autostop à l’étranger, je ressens une petite appréhension à l’approche de l’Italie. Peut-être une peur que la langue du pays bloque la rencontre. Peut-être parce que mon souvenir de l’autostop en Italie n’est pas le meilleur.
J’ai lancé une bouteille à la mer en m’inscrivant à une retraite de méditation Vipassana dans le quart nord de l’Italie d’une durée de 10 jours.
D’un côté, j’essaye de choisir ce qui est sain et bienveillant pour moi. De l’autre, j’essaye de saisir ou créer les opportunités qui me font sortir de ma zone de confort. À plus d’un titre, participer à une retraite Vipassana est un défi de taille pour moi.
Inscription validée, cap sur Tredozio !
De l’Ile-et-Vilaine à la Drôme (7 février au 11 février 2022)
Depuis la Bretagne, Sylvie, (une autre) Sylvie, Rose, Carole, Olivier et Sébastien, Olivier et Emmanuel, Laurent, Sarah, Rémy, Jean-Marie, Jean-Yves, Anne-Claire, Julie, Sylvie et Milou, Rudy, Jean-Léon, Benjamin, Marc, Christian, Raymond, Nadine, Philippe, Charlotte, Youssef, Chantal, Agathe Hermance et Jéhan, Audrey et Eymeric, Olivier, Patrick, Fabrice, Marie-Christine, Clément, Sylvain et Charlie, Luce, Christian, Charlie et Sylvain, Leslie et Marie, Nathalie, Pierre, Nicole, Jordan, Hugo et Anna, Victoire, Katy, Clément, (Victoire et) Jean-François, Jean-Michel et Laurence, Emmanuel, Thomas et Bixente… m’ont permis d’arriver jusqu’à Valence.
Avec un chouïa d’appréhension et une tonne de joie, j’ai remis une nouvelle fois mon sac sur le dos. Tous les évènements auxquels j’étais conviée et ainsi que les nombreux chantiers sont maintenant derrière moi.
J’ai beaucoup avancé en autostop depuis l’Ile-et-Vilaine. J’aime beaucoup rencontrer les personnes. Je sais par l’expérience du chemin de St Jacques que la marche est très solitaire même si les rencontres peuvent être nombreuses. Trop solitaire pour moi en ce moment semble-t-il. Et pourtant, marcher dans les pas des autres avec le même cap en visée, le corps pétri par le mouvement répétitif et l’effort constant, offre à celui qui choisit d’avancer ainsi, un voyage intérieur très puissant.
Le mariage de mes amis était beau. Ils ont ouvert le bal par une danse préparée avec leurs deux ados, succès total.
Une diversité de personnes. J’étais dans ma tenue de voyageuse (féminisée un brin), qui n’a dérangé qui moi. Il aurait été possible de m’organiser autrement, mais j’ai choisis la simplicité et la facilité. Ce fut vraiment bon, mais presque dérangeant (je pousse évidemment le bouchon!). Me voyait-on ? À la mesure des nombreux échanges et sourires, la réponse est affirmative. Je me suis sentie considérée pour ma personne et non pour mon personnage qui lui me permet de faciliter les rencontres en route.
Chaque rencontre est riche. Depuis que je suis partie, j’ai peine à écrire car pour chacune d’elle, je pourrais faire un paragraphe. Cela me semble injuste de faire des choix dans l’écriture comme si j’ordonnais la richesse des rencontres et la générosité des personnes rencontrées. Il me faut bien accepter la subjectivité nécessaire à une longueur acceptable.
Le regard bienveillant
Rémy est un opportuniste de la vie, ce qui l’a amené sans calculs à vivre grand nombre d’expériences enrichissantes. Il est un mari amoureux, joyeusement reconnaissant de partager sa vie avec sa femme. Il m’a parlé de ses deux enfants, de leurs réactions quand ils étaient enfants, avec un mélange d’étonnement, de fierté et d’humilité.
En écoutant Jean-Yves, et en lisant un peu entre les lignes, je comprends qu’il a dirigé une entreprise. C’est aujourd’hui son fils qui est aux commandes. Nous avons été émus tous les deux du regard bienveillant et admiratif que nous avons eu l’un pour l’autre. Il m’a parlé que chaque personne dans une entreprise n’est pas interchangeable et est importante quelque soit son poste. Il a « partagé un bout de chemin avec (ses) compagnons de route ». J’ai senti le mélange de joie, de fierté et d’accueil à ce que son fils continue avec les mêmes valeurs que lui.
Cette semaine, j’ai rencontré des personnes s’occupant de gite et de chambres d’hôtes.
Mercredi soir, quelques dizaines de kilomètres avant Clermont-Ferrand, je descends de la voiture d’Olivier. La nuit ne va pas tarder à tomber. Sur son conseil de faire attention à l’altitude croissante et donc au froid qui va avec, je choisis de me rapprocher d’un lieu dit. C’est un gîte et des chambres d’hôtes. Je fais le tour des bâtiments mais je ne vois personne. Je décide d’installer mon matelas dans un bâtiment ouvert près des voitures et d’un tas de bois, prête à pratiquer à nouveau le « squat bonifiant ». Une demi-heure plus tard, c’est la compagne du propriétaire des lieux qui arrive. Je fonce sur elle, elle est très à l’aise. Un plus tard encore, Patrick arrive et au courant de ma demande à m’installer dans ce bâtiment ouvert, il me propose un gîte. Avec coeur et spontanéité, il remet le chauffe-eau en route, me propose un chauffage et m’encourage à utiliser le lit qui est fait. J’étais très gênée d’autant d’accueil. J’ai proposé une aide qu’il a déclinée. Il m’a dit avec une simplicité qui a touchée mon coeur « cela me fait plaisir de vous accueillir ».
Jeudi, je rencontrais Leslie et Marie, mère et fille. Marie et son mari ont vendu récemment le village vacances et projettent d’acheter un autre espace comme un gîte ou un camping. Elles m’ont proposé de remplir ma gourde vide et si j’avais besoin d’autre chose.
Le lendemain, c’est Jean-Michel et Laurence qui s’arrêtent sur la route assez froide entre le Puy-en-Velay et Valence. Ils gèrent le gîte des mots. Juste avant de descendre, Jean-Michel m’a offert un recueil de poèmes qu’il vient d’éditer.
Dans le métier que l’on fait, il peut y avoir cette qualité qui ne s’occupe pas de l’argent. En l’occurrence, l’accueil de celui qui voyage.
Cette même semaine, j’ai vécu la même chose concernant les métiers de bouche. Je suis entrée dans une boucherie de village. Je sentais que la commerçante prenait le temps avec sa cliente. Une fois la cliente partie, j’ai présenté en quelques mots mon voyage et lui ai demandé si elle a des produits qu’elle ne peut plus vendre. Avec une simplicité et une spontanéité totales, elle me prépare des petites choses qu’elle aurait mangé et me rajoute deux pommes de son jardin et un bout de son pain.
Le lendemain, je m’arrête à proximité d’une boulangerie car je pouvais m’asseoir et manger les précieuses denrées. N’ayant plus d’eau, je demande à la boulangère Éliane si elle veut bien remplir ma gourde. Le sac de pains dans un coin est à vendre. Tant pis. On discute quelques mots sur ma destination tout en servant ses clients. Et tout en fourrant une baguette fraîche et deux pains au raisins…sans lui avoir demandé des invendus ou lui avoir partagé sur ma manière de me nourrir.
Sur la route vers Clermont-Ferrand, Fabrice m’a partagé sur le chantier de sa maison, avec un grand soin à utiliser des matériaux naturels. Il m’a aussi partagé une grande passion qu’est l’abeille et la ruche. Son père est passionné aussi et fabrique lui-même des ruches. Une des plus courantes est la ruche Dadant, pratique pour l’apiculteur mais moins pour l’abeille. L’abeille construit naturellement en descendant. Dans le cadre d’un projet annexe de son travail (il est gendarme), il a contribué à l’installation d’une ruche Warré sur un versant de Clermont-Ferrand après le premier confinement. Il est encore trop pour faire conclusions mais cela semble plutôt positif. Ce type de ruche est beaucoup plus respectueux de l’abeille. Son formateur partageait que l’installation de ruches par des entreprises est une mode, mais la durabilité n’est pas visée et souvent pour des budgets importants. C’est pourquoi, ce dernier a quitté Paris et a souhaité travailler autrement sa passion.
J’étais bien partie pour arriver à Valence après 4 jours de traversée de la France depuis les alentours de Rennes. Mais c’était sans compter sur ma légendaire étourderie. En effet, sur la route entre le Puy-en-Velay et Valence, assez froide quand même, j’oublie dans la voiture de Katy mon téléphone. Un léger espoir qu’il soit tombé avant de monter. Vain car rapidement, grâce à Clément, il n’est pas à l’endroit où j’étais. La nuit commence à tomber. Étant à proximité de la maison de Victoire qui m’a offert l’hospitalité, je choisis d’y aller. L’échange avec Victoire avait été assez court et chouette mais l’envie d’avancer était plus fort. L’oubli de mon téléphone m’a permis de passer une délicieuse soirée. Leur métier d’enseignant dans le secondaire et en filière pro me rappelait plaisamment une certaine époque. J’ai kiffé leur maison que Jean-François a construit. Nous avons partagé aussi sur le chemin de Saint Jacques.
En prenant le temps, c’est ainsi que j’ai dormi chez Jean-Léon deux jours plus tôt. Nous avons discuté une partie de la soirée sur les élections présidentielles, c’était très agréable pour moi car pas de parti pris exprimé, juste du partage d’analyses.
Ma première nuit de reprise fut sous un abri ouvert. Heureusement que je suis bien équipée, on pouvait voir le givre sur les voitures au matin. Les nuits suivantes furent chez l’habitant. Il m’est plus facile de repérer un coin extérieur pour dormir que de toquer à une porte. Mais je me demande si ce n’est l’acceptation du recevoir qui serait en jeu. Ce qui serait une explication parmi d’autres sur l’apparent non choix de vivre dans la rue. Accepter que la vie ne sait que subvenir à nos besoins par tout un tas de ressorts : l’abondance de la nature, nos ressources qui peuvent apporter à quelqu’un, l’inclinaison humaine à aider, à se surpasser,…
J’avais très envie d’avancer mais cette semaine m’a permis de goûter la richesse de prendre le temps. Le premier pas contre-productif permet souvent une productivité par voie de conséquence, en plus des fruits.
Prenez soin de vous et à bientôt !
Message pour Katy… et tous
Selon toutes vraisemblances, mon téléphone serait tombé de ma poche dans votre voiture. Entre la coque et le téléphone, il y a une adresse mail pour me contacter ou julie.lavallee@ntymail.com
Hier, jeudi, j’étais admirative de Luce qui utilise un téléphone Nokia… Voilà, l’expérience qui je m’offre quelques jours.