Grâce à Thierry et Béatrice, Alberto, Mariella, Fabrizio, Fabio, Cedok, Georgea, Chiara, Franco, Inzo, Pietro, Felix, Maria et sa fille Laila, Elvis et Anna, Valeria, j’ai pu rejoindre le Centre de méditation Vipassana.

J’avais pensé qu’en 3 jours je pouvais parcourir les 700km.
Au bout de deux jours, j’en avais parcouru 450.
Depuis la frontière, ce ne sont que des italiens qui m’ont prise en stop à part Thierry et Béatrice. Ils étaient sensibles au fait que ce n’est pas culturel. Une grande diversité de profils : une femme très âgée Rina, des hommes âgés, une jeune fille Chiara dont le papa l’encourage à aider son prochain et à explorer ce qui l’attire, deux tenanciers de bar Franco et Pietro, des personnes qui ont voyagé et habité ailleurs Georgea, Mariella et Felix. Plusieurs d’entre elles m’ont donné leurs coordonnés, si j’ai besoin ou si je reviens.
J’ai mangé des tagliatelles fraiches grâce à Fabio. J’ai dormi chez lui entre ma nuit à -8° à Barcelonnette et cette nuit entrecoupée, cela m’a reposée et a limité la fatigue d’aujourd’hui.
Avec plus de temps, il me semble jouable d’avancer en autostop en Italie.
Mais différents éléments m’ont fait choisir de prendre le train : être sûre d’arriver à l’heure par manque de connaissance de l’Italie ou d’audace, la fatigue accumulée par la tension d’arriver, les 20€ donnés par Inzo « pour le train », l’appréhension des 10 jours de méditation nécessitant que je ne sois pas trop fatiguée en arrivant.
Je pensais avoir choisi plus de facilité, plus de confort. Que nenni…
Le billet choisi n’existait pas à la machine en gare, donc pas de train pour toute la nuit. Départ à 4h32. Alors je m’installe dans la petite gare de Moneglia. Quelques minutes plus tard arrivent 2 carabiniers me demandant mon pass sanitaire. Confiante, je donne mon document. Invalide! Ils me demandent de ne pas stationner dans la gare. Je partage mon exaspération car j’insiste sur la véracité de ce document. Ils me croient sincères et cherchent comment m’aider…mais la loi c’est la loi. Ils arrivent à la conclusion que je peux rester jusqu’au prochain dans lequel ils me poussent presque. Train qui n’était pas celui du billet. En parallèle, je m’inquiète des contrôles en train, de mon billet acheté et surtout de la perspective d’arriver.
Le voyage se passe sans contrôle. Arrivée à 22h à la Spezia, je ne sais pas quoi faire. L’appréhension de la retraite m’incline à me reposer au maximum. J’étais prête à payer une nuit d’hôtel. J’entends parler français et interpelle le jeune couple à qui je demande s’ils connaissent un abri, un endroit secure. Chou blanc, ils sont de passage et se dirigent vers la gare. J’entends un autre couple. Je tente ma chance. Ils se rendent à leur hôtel. On y monte mais personne à la réception. On se sépare là. J’aperçois un coin à l’intérieur où personne ne peut me voir et me permet d’être en sécurité jusqu’au train de 4h43. Quelques minutes plus tard, ils me cherchent et m’expliquent qu’ils souhaitent que je parte car ils ont peur de représailles (pays étranger, leurs passeports déposés à la réception, les caméras qui nous ont sûrement filmés ensemble). Ils m’ont accompagnée jusqu’à la porte de sortie prétextant la clé pour ouvrir de l’intérieur. S’ils mettent une femme dehors dans cette situation, que feraient-ils en temps de guerre ?
Très déçue de leur attitude et déstabilisée par la perte de ma sécurité, je marche de nouveau dans la rue. Je demande à quelqu’un qui promène son chien si je peux dormir dans la cour intérieure, refus. Dépitée et en pleurant, je m’installe par terre devant la gare. J’ai oublié de préciser que la gare est totalement inhospitalière. Habituellement, je fais avec mais avec ce qui m’attend, j’ai besoin de repos et de sécurité.
Je me remets de mes émotions et accepte l’attente au pied de la gare face aux taxis dont la présence me sécurise.
De nouveau, j’entends parler français. J’interpelle les deux jeunes filles. Une sympathique conversation s’ensuit avec Amaya et Anouck. Elles aussi comme le couple visitent les 5 terres à la Spezia. Je crois qu’elles sont dans le même hôtel que les deux garçons. Très spontanément, elles m’invitent à passer la porte avec elles. On se sépare à l’entrée et j’attends le passage d’un autre client pour monter. À ce moment-là, je m’aperçois que ce n’est pas le même hôtel. Pas de coin caché. Après être restée dans les escaliers, je choisis de m’allonger dans le petit salon. Ainsi, j’ai pu dormir un peu de minuit à 4h.
Je monte dans le train de 4h43 me menant à Florence. J’y dors tout du long. De nouveau, je monte dans le train me rapprochant du centre.
À chaque arrêt, un discours sur l’obligation du Green Pass dans le train et ce qui attend les contrevenants. Je trouve cela très traumatisant ! Je comprends que la population choisisse le vaccin pour espérer le retour à la normale.

Je publie cet article et parcours les 15 derniers kilomètres à pied.

Dans 10 jours, je reprends le téléphone et l’itinérance.

Prenez soin de vous.