Merci à Elisa, Daniel et Cerasale, Franco, Amarido, Jean-Claude, Sandro, Sabina, Gio-Franco, père Sinuhe, Paolo, Tito, Vuokko, Ruben et sa famille pour m’avoir permis d’atteindre la frontière slovène.

Arrivée sur le lieu de la retraite, j’ai déposé mon téléphone, de quoi écrire. Finalement, cet aspect n’était pas si difficile. Le silence totale non plus.
Difficile à écrire quelques lignes sur cette retraite, peut-être plus tard. Assez pragmatique et rationnelle, cette technique de méditation Vipassana est basée sur les sensations corporelles, elle aurait 2500 ans et son accès gratuit tient à un de ses enseignants Goenka.
Ce n’est pas facile de méditer mais je comprends pourquoi certains de mes proches méditent une heure voire bien plus le matin avant de commencer la journée.
Le jour du départ, je me prépare à me mettre en route à pied car personne n’est venu vers moi suite au remplissage du tableau des covoiturages. Mais étonnamment pour moi, je ne suis pas pressée et stressée.
Presque au moment de mettre mon sac sur le dos, Elisa une autre participante me demande si j’ai trouvé une voiture. À la négative, elle me propose de m’emmener…et ainsi parcourir 230km ensemble ! C’est amusant, en voiture, nous avons gardé la même orientation et la même distance en centimètres que celle qui nous a séparée pendant 10 jours de méditation puisque nous étions voisines dans l’espace collectif où chacun a reçu une place attitrée.

Après avoir été déposée par Elisa, j’ai continué quelques kilomètres à pied. Avec le froid, il me faut dépasser mon appréhension de trouver un lieu pour dormir. Je remarque que plus j’avance vers l’Est, plus le soleil se lève et se couche tôt. C’est chez Daniel et Cerasale que je dormirai. J’ai vu de la lumière et ils m’ont ouvert leur porte spontanément. Ils ont quitté la Roumanie dans les années 2000. Daniel soudeur de profession peint magnifiquement et Cerasale infirmière auprès des enfants atteints du sida en Roumanie cuisine délicieusement et mets de la beauté dans son habitat.

Cerasale au centre, peinte par son mari.

Deux jours plus tard, en fin de matinée, à un très grand carrefour à Monfolcone, j’attends en même qu’un jeune homme en vélo. Puis quelques centaines de mètre après, je tends le pouce, et ceci après plus de 6 km de marche. Vuokko s’arrête et me partage en route sur l’histoire de Trieste qui est italien depuis quelques décennies seulement, et sur le secteur frontalier entre l’Italie et la Slovénie.
Je descends de voiture et me prépare à reprendre la route quand tout d’un coup je vois le même jeune homme passer à côté de moi. Passé cet effet de surprise, il s’arrête et nous entamons la conversation. Assez rapidement, il m’invite à déjeuner et me donne son adresse pour que je rejoigne. Je monte vers le nord de deux kilomètres, à Malchina, en passant par un chemin très joli bordé par des murs en pierres déposées.

Dans cette région, ces chemins sont très courants. Il y a également des caves naturelles.

C’est ainsi que j’arrive chez Ruben et sa famille. Après avoir cuisiné et mangé ses premières lasagnes, je suis invitée à rester jusqu’au lendemain matin. C’est ainsi que j’ai passé une belle après-midi de partages (Ruben et avons en commun le voyage, l’envie de vivre dans un lieu singulier), une soirée où nous étions plusieurs à venir d’horizons différents. Ruben, son papa et un ami ont joué de la musique. Le temps passé également avec Carrie la maman de Ruben, américaine installée en Italie, fut aussi très agréable.
J’aime à penser que l’abondance est toujours là, mais sommes-nous nous présent pour l’accueillir ?
Ce qui est chouette aussi est le fil conducteur du pain. La nuit précédente, j’ai dormi dans une immense salle paroissiale à Cervignano del Fruili. Le prêtre Don Sinuhe était très occupé mais a pris le temps de m’apporter le maximum de confort possible. Il a scanné mes papiers d’identité et était bien embêté que mon pass sanitaire n’était pas valide, un problème technique français. Une fois seule dans la plus grande chambre qu’il m’a été donné de dormir, vers 22h je découvre un congélateur de glacier rempli à ras bord de pains. Ma dernière nourriture, une délicieuse omelette de Cerasale, datait de 9h le matin. Mais voilà, à part le regarder, que pouvais-je faire d’autre ? Le lendemain matin, je suis partie le ventre vide et me suis arrêtée à la première boulangerie sur mon chemin. Je demande s’ils ont du pain qu’ils ne peuvent pas vendre et repars ainsi avec un gros sac de pains. J’en mange deux et le reste tombera parfaitement à pic chez Ruben et sa famille. C’est peut-être la 4ème fois que je rentre dans une boulangerie, je n’ai jamais eu de refus.

J’ai traversé l’Italie en auto-stop sans trop de difficultés. Souvent dans des voitures de petits gabarits, plus courant qu’en France. Les spots me semblent moins évidents qu’en France car moins de place pour se garer facilement. Et en même temps, tous les italiens se sont toujours arrêtés à ma hauteur et non plus loin.

Avec Carrie et Ruben, je suis arrivée en Slovénie. Je sens que je passe un nouveau cap, je vais rentrer dans les Balkans que je ne connais pas.

Prenez soin de vous et à bientôt !

Publié dans: Jérusalem.
Dernière modification: mars 17, 2022

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