2021 est derrière et nous venons de rentrer dans cette nouvelle année 2022… qui rime avec heureux. Nous vivons une décennie particulière où la liberté intérieure est importante à cultiver. Dans nos pays européens, tout est disponible et tout n’est pas profitable.
C’est l’occasion de faire le point sur les quelques mois passés et de lister ce qui jusqu’à maintenant m’a surprise dans mon voyage.
Dormir dans un bateau pour ma première nuit
Le soir de la première journée, l’invitation de Yannick de passer la soirée avec lui et ses amis du port me gonflait de joie et d’espoir pour la suite. Je longeais le port de Carentan tout en réfléchissant à l’endroit où je pourrais poser mon duvet. Et dormir dans le bateau de Yannick, quand Cherbourg – Israël passe surtout par la terre a été une cadeau de la vie qui me donnait à penser que le voyage serait riche en surprises.
Travailler
En partant, j’imaginais marcher, faire du stop, échanger une contribution en temps/participation contre le gîte et le couvert… mais pas de travailler au sens le plus commun du terme. Grâce à la rencontre avec Gervais sur les crêtes du massif vosgien, j’ai eu l’opportunité de participer aux vendanges près de Barr chez François Biener. Fin août, avec Cindy, nous avons marché pour rejoindre le chantier participatif en passant par l’Allemagne et la Suisse, un détour volontaire. Le temps était plutôt frais et sur les crêtes, c’était même très froid à plus de 1000 mètres d’altitude. A la recherche d’un endroit chaud pour se réchauffer, nous avons croisé Gervais qui ramassé les myrtilles (la tarte à la myrtille sauvage est une spécialité de la région). Gervais nous a offert spontanément de nous réchauffer dans sa voiture garée sur le parking un peu plus loin et non clanchée. On a pris le temps de discuter après sa cueillette.
C’est ainsi que quelques semaines plus tard, me voilà au matin pour cueillir le raisin chez le vigneron. Il est un jeune repreneur d’une entreprise familiale assez grande produisant : des bottes de chanvre, des légumineuses, des céréales et de la vigne en bio. Une succession d’évènements (rendez-vous médicaux, météo mauvaise, équipe complète, distance pour rejoindre le lieu car j’ai participé à un déménagement au moment du mauvais temps) ne m’ont pas permis d’aller au delà d’une journée de travail. Mais j’ai apprécié cette journée au cours de laquelle, j’ai vu la bonne humeur dans les deux équipes. Une grande proportion de retraités se retrouvent chaque année. Nous avons travaillé avec des seaux. Dès que le seau était plein, le cueilleur criait « Eimer voll ». Ce signal permettait le chassé-croisé du seau vide à la place du seau plein qui rejoignait l’allée centrale. Les seaux étaient vidés dans des cagettes qui étaient récupérées plus tard par un tracteur. Dans les rangs, les alsaciens passaient de l’alsacien au français et inversement de nombreuses fois au cours de leurs échanges. François avait proposé un petit jeu le midi : la personne qui se rapprochait de la bonne réponse a gagné une bouteille de vin. Le matin, il y avait une collation et le midi le repas préparé pour tous. Ce fut une année difficile, les raisins n’avaient pas assez mûri mais risquaient de pourrir s’ils n’étaient pas ramassés. Il y a eu beaucoup de tri à faire.
Bien que je n’ai travaillé qu’une seule journée qui fut déclarée, j’ai ainsi pu recevoir le salaire correspondant.
Rester si longtemps en France
Grâce à des chantiers participatifs, à des stages kertere, à la destruction de mon passeport qui a impliqué plus d’un mois avant la réception (j’ai eu la chance d’être à proximité d’une mairie qui prend sans rendez-vous, sinon c’était 3 semaines jusqu’à un mois et de demi d’attente supplémentaire), une semaine de gardiennage d’animaux, quelques jours d’aide au déménagement, les rendez-vous médicaux… ont contribué à vivre 6 mois en France. J’ai rencontré beaucoup de personnes, dans des contextes variés. J’ai l’impression d’avoir habité ce coin de France. Je n’ose calculer la durée de mon voyage si je traverse chaque pays de la même manière jusqu’à Jérusalem…
Trouver un sac à dos correspondant à mes besoins
En marchant en Suisse avec Cindy, nous parlions de sac à dos car je venais de perdre mon matelas mal accroché au sac. Elle constatait la casse de ses et de lanières. J’imaginais qu’un sac à dos plutôt parallèpipédique, où rien de ne dépasse, tout est accessible facilement, d’environ 50l, avec des bretelles et ceinture rembouréee serait mieux. Qu’est-ce qu’on voit sur un trottoir près de travaux de voiries ? 2 sacs à dos l’un dans l’autre, extrêmement propres. Cindy a pu récupérer les lanières qui convenaient parfaitement à son sac. Le grand sac avait toutes les caractéristiques désirées. Il a même les deux mêmes couleurs, rouge et noir comme mon ancien. Ce n’est qu’un sac mais cette trouvaille opportune me donne à penser que je ne manquerai de rien au cours de mon voyage.
Prendre des rendez-vous médicaux
Avant de partir, j’avais fait au mieux pour être à jour. J’ai eu l’opportunité d’un rendez-vous chez l’ophtalmo qui a conduit à un autre chez un spécialiste. Des douleurs dentaires à deux moments m’ont obligée à consulter deux dentistes. Je suis allée à un rendez-vous de microkiné. En Alsace, ce sont deux bons ophtalmo, une bonne microkiné et un bon dentiste que j’y ai trouvés. Cette fois-ci, je suis à jour prête à continuer à traverser l’Europe.
Prendre le train
C’était un jour où je descendais vers le sud pour rejoindre le 2ème stage kerterre. Un monsieur s’arrête à ma hauteur dans l’autre sens de la route. Walid me parle rapidement de son père récemment décédé et de son envie de m’aider qu’il met en lien telle une bonne action. Alors je me laisse porter par sa proposition de me déposer à la gare de Villefranche-sur Saône et j’accueille avec gratitude son billet de train pour Chambéry.
Recevoir autant de la part des personnes rencontrées sur ma route
Je ressens tellement de gratitude envers toutes les personnes rencontrées.
J’ai reçu des échanges passionnants, de l’accueil, de l’attention, de l’hospitalité, de la nourriture, du temps, des objets matériels et même de l’argent
Cela a été jusqu’à maintenant parfois très difficile de recevoir plus que je ne donnais. La peur de « mal » donner me paralyser même. Je me suis demandée si on recevait parce qu’on méritait grâce à notre passé ou parce qu’on donnerait dans le futur. Aujourd’hui, j’ai tranché que la joie de donner dans le présent prévaut sur le passé et le futur car si c’est juste dans le présent, quelque soit la narration que l’on crée, cela sera juste et dans le passé et dans le futur. Bien que je sois convaincue que le don a différentes formes et se réalise sur une échelle de temps et d’espace beaucoup plus grande que notre mental la pense ; il m’est difficile de recevoir. Je désire ne pas coûter à l’autre, à la planète et aussi parce que j’ai de la joie à être là au bon endroit, au bon moment, à donner sans effort. Comme si mon existence prend tout son sens à ces moments-là.. Je veux pas mendier dans ce voyage mais réinterroger mon rapport à l’argent, à l’autre. J’aime à penser que chaque personne a une existence et des ressources que nulle autre a, même si le cimetière est rempli de gens indispensables.
Dans ce voyage que je présente tel que je l’ai fait sur cet espace numérique, j’accueille presque tout ce qu’on me donne indépendamment de mes goûts, de mes projections, de mes idéaux. En effet, j’aime penser que je ne sais rien de demain et que la personne que je rencontre a une inspiration qui fera sens à un moment donné. C’est comme ça que j’ai accepté de différentes personnes au delà d’objets matériels et de la nourriture de l’argent. C’est plus facile de ne pas avoir d’argent, je n’ai pas à me demander le niveau de légitimité de l’usage que je peux en faire. Cela m’a permis de payer les rendez-vous médicaux, le test antigénique, quelques affaires nécessaires. L’argent est un pouvoir et une énergie : il permet d’acquérir des biens au delà des limites du troc, il permet de soutenir nos valeurs et le monde dans lequel on veut vivre, et d’autres aspects.
Ces dons divers m’encouragent sur ma route à donner avec plus de joie et de créativité… ici et maintenant, sans idée de mérite ou d’anticipation.
Etre embarquée par les gendarmes
Proche de Sens, j’ai oublié mon bâton dans une voiture. Il était déjà tard, la nuit commençait à tomber. J’ai beaucoup marché pour revenir sur le lieu de dépose. Evidemment, j’ai beaucoup marché avant de m’apercevoir que je n’avais plus mon bâton. Je n’avais pas le choix que de longer la nationale en m’approchant au maximum du fossé. Je devais tenir encore un kilomètre. A chaque fois que je voyais des phares, je traversais de l’autre côté, quand je pouvais. Tout d’un coup, gyrophare, voiture de gendarmerie qui s’arrête. Ils me font un peu la leçon sur la dangerosité de ma présence sur cette route. Je plussoie bien sûr. Il était 22 heures peut-être. Les trois gendarmes de Pont-Sur-Yonne me demandent où je vais et où je dors. « Vers l’Est » et « Je ne sais pas encore » étaient les seules réponses que je pouvais formuler. Je mesure l’importance d’être propre sur soi pour être crédible dans l’échange. Je monte à l’arrière et c’est parti pour quitter cette nationale. Après un échange entre eux, ils me déposent dans un petit jardin public dans lequel je n’aurais pas dormi évitant autant que possible les lieux exposés. Ils étaient contents de me laisser à proximité du point de départ du lendemain. J’ai cherché confirmation sur la tranquillité du lieu et me suis endormie bien paisiblement. Le lendemain matin, j’ai aperçu une silhouette qui pêchait dans l’étang tout à côté.
Attraper le covid
Quelques jours avant Noël, j’ai constaté un état grippal comme j’en ai une voire deux fois par an. Certaines personnes de la maisonnée ont passé le test du covid qui s’est avéré positif. (Finalement, on était tous positif, les 5 adultes et les 2 enfants.) C’est ainsi que j’ai décidé de passer mon premier test du covid puisque je prévoyais de rejoindre ma famille à Noël. Bien que je n’ai pas voulu admettre ce résultat, il m’a bien fallu faire avec… et sans passer Noël avec ma famille.
Au bout de trois jours, j’étais guérie sans avoir eu de courbatures ou de fièvre significative grâce à la transpiration, à l’ail, au gingembre, au citron, au poivre, à l’artémisia et aux clémentines. Du coup, je prends maintenant du zinc et de la vitamine D.
Un élément auquel je ne m’attendais a été un fort passage à vide : envie de rien, le cerveau à l’arrêt ou en besoin de divertissement (ce qui revient au même). Est-ce si surprenant quand d’une part les études ont montré l’intérêt de la vitamine C, de la vitamine D et du zinc et d’autre part que l’on perd la saveur des aliments ?
Je reste sur le chantier jusqu’à début février sur le même chantier.
Prenez soin de vous
A bientôt
Bonne année 2022, Julie !