Les Vosges derrière et Jérusalem presque devant

J’ai repris l’itinérance depuis mercredi laissant les Vosges derrière moi. Les au-revoir furent doux et nombreux. J’ai mis du temps à apprécier les paysages de montagne. Ce sont les rencontres, les amitiés qui m’ont donné l’impression d’être installée, posée pendant ces 7 derniers mois…malgré mes 12kg d’affaires personnelles.

J’ai quitté Estelle, Christophe et leurs deux enfants Simon et Raphaël avec tellement de gratitude pour l’amitié construite depuis fin juin et leur bienveillance. Je suis passée chez eux par intermittence et suis restée depuis le 23 novembre. Instruction En Famille, groupe CNV et par eux différentes opportunités d’ouverture ont été nourrissants pour moi.

Le chantier de rénovation de la pièce de vie, toujours à Fraize, a bien avancé depuis le 23 novembre et se poursuivra encore.

La reprise de l’itinérance est enclenchée par le mariage de mes amis qui a lieu demain. C’est un « petit » crochet par la Bretagne pour un moment précieux de festivité célébrant l’engagement et l’amour de Yohann et Sylvie devant Dieu, familles dont leurs deux grands ado, et amis.

Pour arriver, j’avais tablé sur 2 jours. Mais hier soir, je n’étais qu’à Toul… grâce à Lisianne et Louise, Alexandra, Roger et Veronica, Catherine (rencontrée alors qu’elle avait rdv pour une vente sur le bon coin), et Manu. 21h, je suis sur une aire d’autoroute. Je commençais à stresser du reste à traverser et du temps imparti. Mais la providence s’en est mêlé : Un chauffeur routier Driss m’a acceptée malgré l’absence de retour de son entreprise (seulement avec une décharge, il lui était possible d’accepter une personne dans sa cabine). Ainsi, on a roulé toute la nuit jusqu’à proximité de Rennes et je suis arrivée chez mes amis à 7h30!… Soit une journée d’avance !

Lundi, départ vers le sud de la France… Avec la hâte d’avancer vers Jérusalem, ma fébrilité de vivre le quotidien de l’itinérance et le désir de rencontrer toutes mes personnes sur mon chemin.

9 éléments inattendus dans mon voyage

2021 est derrière et nous venons de rentrer dans cette nouvelle année 2022… qui rime avec heureux. Nous vivons une décennie particulière où la liberté intérieure est importante à cultiver. Dans nos pays européens, tout est disponible et tout n’est pas profitable.
C’est l’occasion de faire le point sur les quelques mois passés et de lister ce qui jusqu’à maintenant m’a surprise dans mon voyage.

Dormir dans un bateau pour ma première nuit

Le soir de la première journée, l’invitation de Yannick de passer la soirée avec lui et ses amis du port me gonflait de joie et d’espoir pour la suite. Je longeais le port de Carentan tout en réfléchissant à l’endroit où je pourrais poser mon duvet. Et dormir dans le bateau de Yannick, quand Cherbourg – Israël passe surtout par la terre a été une cadeau de la vie qui me donnait à penser que le voyage serait riche en surprises.

Travailler

En partant, j’imaginais marcher, faire du stop, échanger une contribution en temps/participation contre le gîte et le couvert… mais pas de travailler au sens le plus commun du terme. Grâce à la rencontre avec Gervais sur les crêtes du massif vosgien, j’ai eu l’opportunité de participer aux vendanges près de Barr chez François Biener. Fin août, avec Cindy, nous avons marché pour rejoindre le chantier participatif en passant par l’Allemagne et la Suisse, un détour volontaire. Le temps était plutôt frais et sur les crêtes, c’était même très froid à plus de 1000 mètres d’altitude. A la recherche d’un endroit chaud pour se réchauffer, nous avons croisé Gervais qui ramassé les myrtilles (la tarte à la myrtille sauvage est une spécialité de la région). Gervais nous a offert spontanément de nous réchauffer dans sa voiture garée sur le parking un peu plus loin et non clanchée. On a pris le temps de discuter après sa cueillette.
C’est ainsi que quelques semaines plus tard, me voilà au matin pour cueillir le raisin chez le vigneron. Il est un jeune repreneur d’une entreprise familiale assez grande produisant : des bottes de chanvre, des légumineuses, des céréales et de la vigne en bio. Une succession d’évènements (rendez-vous médicaux, météo mauvaise, équipe complète, distance pour rejoindre le lieu car j’ai participé à un déménagement au moment du mauvais temps) ne m’ont pas permis d’aller au delà d’une journée de travail. Mais j’ai apprécié cette journée au cours de laquelle, j’ai vu la bonne humeur dans les deux équipes. Une grande proportion de retraités se retrouvent chaque année. Nous avons travaillé avec des seaux. Dès que le seau était plein, le cueilleur criait « Eimer voll ». Ce signal permettait le chassé-croisé du seau vide à la place du seau plein qui rejoignait l’allée centrale. Les seaux étaient vidés dans des cagettes qui étaient récupérées plus tard par un tracteur. Dans les rangs, les alsaciens passaient de l’alsacien au français et inversement de nombreuses fois au cours de leurs échanges. François avait proposé un petit jeu le midi : la personne qui se rapprochait de la bonne réponse a gagné une bouteille de vin. Le matin, il y avait une collation et le midi le repas préparé pour tous. Ce fut une année difficile, les raisins n’avaient pas assez mûri mais risquaient de pourrir s’ils n’étaient pas ramassés. Il y a eu beaucoup de tri à faire.
Bien que je n’ai travaillé qu’une seule journée qui fut déclarée, j’ai ainsi pu recevoir le salaire correspondant.

Rester si longtemps en France

Grâce à des chantiers participatifs, à des stages kertere, à la destruction de mon passeport qui a impliqué plus d’un mois avant la réception (j’ai eu la chance d’être à proximité d’une mairie qui prend sans rendez-vous, sinon c’était 3 semaines jusqu’à un mois et de demi d’attente supplémentaire), une semaine de gardiennage d’animaux, quelques jours d’aide au déménagement, les rendez-vous médicaux… ont contribué à vivre 6 mois en France. J’ai rencontré beaucoup de personnes, dans des contextes variés. J’ai l’impression d’avoir habité ce coin de France. Je n’ose calculer la durée de mon voyage si je traverse chaque pays de la même manière jusqu’à Jérusalem…

Trouver un sac à dos correspondant à mes besoins

En marchant en Suisse avec Cindy, nous parlions de sac à dos car je venais de perdre mon matelas mal accroché au sac. Elle constatait la casse de ses et de lanières. J’imaginais qu’un sac à dos plutôt parallèpipédique, où rien de ne dépasse, tout est accessible facilement, d’environ 50l, avec des bretelles et ceinture rembouréee serait mieux. Qu’est-ce qu’on voit sur un trottoir près de travaux de voiries ? 2 sacs à dos l’un dans l’autre, extrêmement propres. Cindy a pu récupérer les lanières qui convenaient parfaitement à son sac. Le grand sac avait toutes les caractéristiques désirées. Il a même les deux mêmes couleurs, rouge et noir comme mon ancien. Ce n’est qu’un sac mais cette trouvaille opportune me donne à penser que je ne manquerai de rien au cours de mon voyage.

Prendre des rendez-vous médicaux

Avant de partir, j’avais fait au mieux pour être à jour. J’ai eu l’opportunité d’un rendez-vous chez l’ophtalmo qui a conduit à un autre chez un spécialiste. Des douleurs dentaires à deux moments m’ont obligée à consulter deux dentistes. Je suis allée à un rendez-vous de microkiné. En Alsace, ce sont deux bons ophtalmo, une bonne microkiné et un bon dentiste que j’y ai trouvés. Cette fois-ci, je suis à jour prête à continuer à traverser l’Europe.

Prendre le train

C’était un jour où je descendais vers le sud pour rejoindre le 2ème stage kerterre. Un monsieur s’arrête à ma hauteur dans l’autre sens de la route. Walid me parle rapidement de son père récemment décédé et de son envie de m’aider qu’il met en lien telle une bonne action. Alors je me laisse porter par sa proposition de me déposer à la gare de Villefranche-sur Saône et j’accueille avec gratitude son billet de train pour Chambéry.

Recevoir autant de la part des personnes rencontrées sur ma route

Je ressens tellement de gratitude envers toutes les personnes rencontrées.
J’ai reçu des échanges passionnants, de l’accueil, de l’attention, de l’hospitalité, de la nourriture, du temps, des objets matériels et même de l’argent
Cela a été jusqu’à maintenant parfois très difficile de recevoir plus que je ne donnais. La peur de « mal » donner me paralyser même. Je me suis demandée si on recevait parce qu’on méritait grâce à notre passé ou parce qu’on donnerait dans le futur. Aujourd’hui, j’ai tranché que la joie de donner dans le présent prévaut sur le passé et le futur car si c’est juste dans le présent, quelque soit la narration que l’on crée, cela sera juste et dans le passé et dans le futur. Bien que je sois convaincue que le don a différentes formes et se réalise sur une échelle de temps et d’espace beaucoup plus grande que notre mental la pense ; il m’est difficile de recevoir. Je désire ne pas coûter à l’autre, à la planète et aussi parce que j’ai de la joie à être là au bon endroit, au bon moment, à donner sans effort. Comme si mon existence prend tout son sens à ces moments-là.. Je veux pas mendier dans ce voyage mais réinterroger mon rapport à l’argent, à l’autre. J’aime à penser que chaque personne a une existence et des ressources que nulle autre a, même si le cimetière est rempli de gens indispensables.
Dans ce voyage que je présente tel que je l’ai fait sur cet espace numérique, j’accueille presque tout ce qu’on me donne indépendamment de mes goûts, de mes projections, de mes idéaux. En effet, j’aime penser que je ne sais rien de demain et que la personne que je rencontre a une inspiration qui fera sens à un moment donné. C’est comme ça que j’ai accepté de différentes personnes au delà d’objets matériels et de la nourriture de l’argent. C’est plus facile de ne pas avoir d’argent, je n’ai pas à me demander le niveau de légitimité de l’usage que je peux en faire. Cela m’a permis de payer les rendez-vous médicaux, le test antigénique, quelques affaires nécessaires. L’argent est un pouvoir et une énergie : il permet d’acquérir des biens au delà des limites du troc, il permet de soutenir nos valeurs et le monde dans lequel on veut vivre, et d’autres aspects.
Ces dons divers m’encouragent sur ma route à donner avec plus de joie et de créativité… ici et maintenant, sans idée de mérite ou d’anticipation.

Etre embarquée par les gendarmes

Proche de Sens, j’ai oublié mon bâton dans une voiture. Il était déjà tard, la nuit commençait à tomber. J’ai beaucoup marché pour revenir sur le lieu de dépose. Evidemment, j’ai beaucoup marché avant de m’apercevoir que je n’avais plus mon bâton. Je n’avais pas le choix que de longer la nationale en m’approchant au maximum du fossé. Je devais tenir encore un kilomètre. A chaque fois que je voyais des phares, je traversais de l’autre côté, quand je pouvais. Tout d’un coup, gyrophare, voiture de gendarmerie qui s’arrête. Ils me font un peu la leçon sur la dangerosité de ma présence sur cette route. Je plussoie bien sûr. Il était 22 heures peut-être. Les trois gendarmes de Pont-Sur-Yonne me demandent où je vais et où je dors. « Vers l’Est » et « Je ne sais pas encore » étaient les seules réponses que je pouvais formuler. Je mesure l’importance d’être propre sur soi pour être crédible dans l’échange. Je monte à l’arrière et c’est parti pour quitter cette nationale. Après un échange entre eux, ils me déposent dans un petit jardin public dans lequel je n’aurais pas dormi évitant autant que possible les lieux exposés. Ils étaient contents de me laisser à proximité du point de départ du lendemain. J’ai cherché confirmation sur la tranquillité du lieu et me suis endormie bien paisiblement. Le lendemain matin, j’ai aperçu une silhouette qui pêchait dans l’étang tout à côté.

Attraper le covid

Quelques jours avant Noël, j’ai constaté un état grippal comme j’en ai une voire deux fois par an. Certaines personnes de la maisonnée ont passé le test du covid qui s’est avéré positif. (Finalement, on était tous positif, les 5 adultes et les 2 enfants.) C’est ainsi que j’ai décidé de passer mon premier test du covid puisque je prévoyais de rejoindre ma famille à Noël. Bien que je n’ai pas voulu admettre ce résultat, il m’a bien fallu faire avec… et sans passer Noël avec ma famille.
Au bout de trois jours, j’étais guérie sans avoir eu de courbatures ou de fièvre significative grâce à la transpiration, à l’ail, au gingembre, au citron, au poivre, à l’artémisia et aux clémentines. Du coup, je prends maintenant du zinc et de la vitamine D.
Un élément auquel je ne m’attendais a été un fort passage à vide : envie de rien, le cerveau à l’arrêt ou en besoin de divertissement (ce qui revient au même). Est-ce si surprenant quand d’une part les études ont montré l’intérêt de la vitamine C, de la vitamine D et du zinc et d’autre part que l’on perd la saveur des aliments ?

Je reste sur le chantier jusqu’à début février sur le même chantier.

Prenez soin de vous
A bientôt

L’été 2021 a été très chaux

Dans ce voyage, l’habitat a une place importante dans mon voyage que je désire autant initiatique, que formateur et contributeur.

Plusieurs mois avant mon départ en juin, je me suis inscrite à 2 stages de construction de kerterre : B1 pour monter les murs (kerterre à Fraize) et l’isolant et B2 (kerterre à Briançon) pour poser les différents enduits.

De fil en aiguille, j’ai participé au B3 en Bretagne et également à la construction d’une plus grosse kerterre (à Val d’Ajol). En tout 7 semaines passées les mains (gantées) dans la chaux.

Les photos présentées en dessous correspondent à des kerterres pour lesquelles j’ai participé à la construction.

Le coût
C’est le coût qui m’a séduite surtout, tout en ayant un intérêt écologique et accessible à l’autoconstruction.
La chaux, le chanvre et le sable sont les 3 matériaux principaux constituant la kerterre. Un round baller de chanvre (fibres jusqu’à parfois 2 mètres de long) permet la construction d’une kerterre telle que celle qu’on voit en vidéo plus bas. On utilise la chènevotte pour l’isolant, ce sont des fibres de chanvres hachées en bout de 2 cm. Concernant la chaux, on utilise pour les murs de la chaux hydraulique et pour l’intérieur de la chaux aérienne en plus (plus perspirante). Les chaux hydrauliques sont plus ou moins teintées (telle que celle de Boehm). Pour la couleur du rendu final, la couleur de sable et celle de la chaux hydraulique jouera un peu. On peut le voir sur les différentes photos et vidéo. En bretagne, le sable utilisé est blanc. Dans les Vosges, ce fut du sable rose et dans les Hautes-Alpes, du sable marron foncé.
Le poste important de cette construction réside dans les huisseries (skydôme, porte (particulière éventuellement pour le charme de cette maison) et les fenêtres selon qu’elles sont neuves ou pas.
La chaux est perspirante, pas comme le ciment qui bloque l’humidité. La chaux et le chanvre en carbonatant permet aux murs de devenir de la pierre sans empêcher l’eau d’être évacuée de l’intérieur vers l’extérieur. L’espace de vie devient toujours plus sain en vieillissant.

La rondeur
Cet habitat par sa forme arrondie permet une répartition équilibrée des charges. Comme il y a une proportion entre hauteur et largeur puisque la kerterre est à peu près une demi-sphère, les kerterres sont souvent petites. Mais il est tout à faire possible d’accoler plusieurs bulles (comme sur la vidéo) ou d’imaginer une énorme avec une nacelle (je n’en ai jamais entendu parler, mais tout est possible).

Kerterre au Val d’Ajol (88). Les gouttières ne sont pas terminées, le pré-enduit n’a pas pu être posé sur toute la kerterre et il reste à poser l’enduit final.

Concernant le sol, il est possible de poser du chanvre à même le sol car c’est une plante imputrescible comme la fougère. C’est la philosophie minimaliste de kerterre, au plus proche de la terre sans laisser de côté le confort. Je peux vous assurer qu’on s’y sent bien. D’ailleurs, voici un petit article remettant en perspective la notion de confort thermique bien au delà des degrés indiqués par le thermomètre.

Photo prise d’une kerterre finie dans sa construction et aménagée pour la location (29).

La créativité
A part l’incrustation des huisseries, il est tout à fait possible d’incruster d’autres objets en verre, de créer des espaces à l’intérieur, des gouttières formant de belles vagues…

Intérieur d’une kerterre que nous avons « aménagé » et « décoré » (29)

La dimension humaine
Bien qu’il est possible de faire seul une kerterre, il est une aventure de construire à plusieurs.
Toutes ces semaines de chantier ont été vécues à plusieurs que ce soit sous le format de stage ou de chantier participatif (20 personnes environ). Dans ce deuxième cas, la contribution au chantier est échangé contre le gîte et le couvert.
De faire ensemble nourrit la capacité à vivre ensemble : à s’harmoniser (par exemple, aller l’un vers l’autre pour que les enduits se rejoignent harmonieusement), à être conscient de sa disponibilité (parfois il est préférable de se retirer pour mieux revenir plus tard car on a à la fois notre capital d’énergie propre et notre rythme propre).
J’ai pu constater l’importance de communiquer, de la nécessité de poser des bases claires. Mais parfois ce n’est pas le cas, c’est ainsi. Comment à chaque moment on peut faire avec ce qui est et s’ajuster au mieux. La plupart des semaines autour de la kerterre se sont déroulés en présence du même formateur Teddy dont je retiens ces deux éléments : poser un cadre éventuellement évolutif et auquel se référer et, voir le caractère organique de toute situation. On pourrait dire cadre et faire avec les évènements perturbateurs (=la vie) pour avancer au mieux.

Kerterre à Fraize (88)

La technique et le matériel
Notre outil est notre corps
Nous n’avons pas utilisé de bétonnière, malaxeur ou autre machine. Seulement à la force des bras pour mélanger. Le silence brisé par la communication entre nous est vraiment appréciable. Nous avons utilisé des truelles, des gâches (auges à gâcher, gamattes), des taloches, des étais. La chaux mélangée à l’eau nécessite des gants, le contact n’est pas totalement direct. On peut utiliser un moule permettant de poser les mèches de chanvre chaulées dessus et ainsi gagner du temps.
C’est intéressant de prendre conscience de l’intelligence de notre corps à apprendre, geste après geste, à manipuler la matière, de plus en plus précisément. A part pour les huisseries, nous n’avons jamais utilisé de niveaux ou de mètre à mesurer. Travailler en courbe était très satisfaisant pour moi.

Kerterre au Val d’Ajol (88). Le moule est un dôme géodésique démontable.

Habitat vernaculaire et habitat réversible
Je kiffe les habitats vernaculaires qui nous apprennent beaucoup sur l’histoire, la culture, les savoirs-faire, les matériaux disponibles. Tous ces éléments forment la singularité de l’habitat ancien d’un territoire. Dans le grand ouest et notamment dans le Cotentin, un grand nombre de bâtiments ont été construit en bauge. C’est une technique de construction de mur porteur à base d’un mélange élastique de terre argileuse et de fibres. Ah, l’argile ! Super matériau : en construction et qui soigne (voir le site de Jade Allègre qui l’a beaucoup étudié) ! Revenons à la construction, un partenariat franco-anglais travaille en ce moment sur le projet Cobbauge visant à améliorer et standardiser cette technique pour ainsi la rendre plus attractive au sein de la filière de la construction.
Sur la réversibilité de l’habitat, je vous encourage à jeter un oeil au MOOC sur les Habitats réversibles de Hameaux Légers. Il est très étoffé sur le sujet. Par ailleurs, Hameaux Légers souhaite promouvoir la propriété d’un habitat réversible qui permet à la terre de retrouver son état naturel sur un terrain en location (par un bail emphytéotique par exemple) et ainsi limiter la montée importante des prix dans l’immobilier. Est-ce normal de s’endetter sur tant d’années pour accéder à la propriété d’un habitat ? Le foncier est une valeur sûre… mais à quel prix pour les générations à venir ?

Bien que pas très portée sur le rap, je trouve Pang assez imaginatif et pertinent sur le sujet.

Aujourd’hui, bien que sur la route, je réfléchis à ma future maison : un habitat d’une part inspiré du territoire vernaculaire et d’autre part réversible.
Un habitat construit avec des savoirs-faire éprouvés par le temps n’empêche pas, et même au contraire, d’y adjoindre des techniques plus modernes, avec des process innovants ou des éléments empruntés à d’autres territoires. J’aime cet équilibre des 80/20 : une base à 80% et d’autres éléments à 20%. C’est à la fois une dynamique positive, équilibrée, réaliste et emprunte d’humilité.

La neige en montagne et Noël en Bretagne

Ce matin, j’ai découvert le paysage enneigé à travers la fenêtre. Après 5 semaines chez Gaël et Marie, je suis revenue à Fraize pour quelques semaines.

Dans le massif vosgien, environ 600 mètres d’altitude

Après une lutte intérieure entre mon voyage et passer Noël avec ma famille, je viens d’officialiser la deuxième option. Ma sœur a loué un gîte et nous accueille pour quelques jours autour de Noël. C’est un grand projet pour elle qu’elle travaille avec ses référentes depuis des mois. Elle s’en réjouit depuis de début et nous aussi !
D’une part, toutes les rencontres approchant de près ou de loin la famille ont nourri chez moi son importance. Que ce soit la famille d’où on vient et celle que l’on construit. Notre vie terrestre est bien courte et les divisions familiales peuvent être très cruelles.
Alors, faisons de notre mieux pour entretenir la joie de se revoir, approfondir une meilleure connaissance mutuelle, renforcer la confiance…Quelques soient nos choix, nos évolutions, nourrissons sans mesure ni démesure nos relations avec de la joie ! Sans compter que mes parents prennent de l’age invitant à considérer le temps qui passe.
D’autre part, j’ai tellement la conviction d’être toujours en route vers Jérusalem que je peux m’autoriser a cette attente et a ce moment familial. J’ai tellement de joie à rencontrer les personnes sur mon chemin, à progresser à pied, en voiture que j’assume les retrouvailles provoquées avec ma famille. J’avais préparé mes affaires sans imaginer repasser par le lieu de départ (mes parents se laisseront porter et ils auront bien raison). Mais à bien des égards, ce voyage est loin de celui que j’ai imagine et il ne fait que commencer…

Chez Christophe et Estelle, je les retrouve avec joie, ainsi que leurs enfants Simon et Raphaël, mon vaillant binôme de chantier Yoann et Camille. Je l’ai rencontrée sur mon chemin ici en juin quand je suis arrivée pour le premier stage de kerterre, Camille et moi avions projeté un temps éclair de colocation plus tôt il y a plusieurs mois. Ah se revoir, la joie de se revoir, nourrir le lien…
Jusqu’à Noël, je reste à Fraize. Je vais écrire (enfin! ou pas) sur ces mois de voyage. Je reverrai des personnes que j’ai eu la chance de rencontrer ces derniers mois. Mon passeport est arrivé la semaine dernière après un mois et une semaine. Je vais également refaire mon permis. Ce qui est fait n’est plus à faire et accessoirement conduire la voiture de mes parents en toute legalite.
Différents chantiers sont en cours : cabane pour les ânes, kerterre, rénovation d’une pièce (enduits, sol, plafond,..),…

Que du plaisir : être utile, apprendre et m’autoriser à me reposer au chaud et dans un contexte bienveillant.

Prenez soin de vous.

Vers Jérusalem, quand reprends-tu la route ?

C’est une question que j’ai pu entendre de proches ces derniers temps. Il est vrai que ma trajectoire est un peu biscornue et un certain stationnement dans le grand Est se dessine plutôt clairement.

Pour resituer, c’est lors du mois août 2020 que l’idée d’aller à Jérusalem a germé… sûrement influencée par la chanson autant spirituelle qu’entraînante Jerusalema.
Au-delà de cette frontière géographique que j’espère traverser avec la grâce de Dieu, c’est le passage, le voyage initiatique jusqu’à ma Jérusalem céleste que je désire plus encore, en devenant une meilleure personne autant pour moi que pour les autres, en aimant plus et en agissant de manière juste. La route n’est qu’un prétexte. Le chemin est le sens de ma destination. Un magnifique lieu d’humains ou naturel n’aurait jamais eu autant d’attrait pour moi que cette route vers Jérusalem, lieu tellement emblématique du chemin du coeur de l’homme.

Depuis le 2 juin, hormis une petite semaine en Finistère, une autre en Hautes-Alpes pour la kerterre, et une dizaine de jours en itinérance en Allemagne et en Suisse, j’ai vadrouillé dans le grand Est. Tout s’est enchaîné… jusqu’à aujourd’hui où je viens de terminer une première semaine de chantier chez Gaël et Marie à Sainte Croix aux Mines dans les Vosges, à 500 mètres d’altitude. Ils ont 3 enfants : Paule, Meïlan et Solange et attendent leur 4ème enfant pour le jour de Noël. Je les ai découvert via le réseau de chantiers en écoconstruction Twiza. Ils rénovent une ancienne longère-bergerie avec des matériaux les plus biosourcés possibles : canalisations en terre cuite ou en cuivre, ardoises, pierre, bois, terre cuite et terre crûe, laine,… Forcément, ça me plaît beaucoup ! Gaël, charpentier de métier, travaille sur leur chantier à plein temps et accueille les twizers qui viennent contribuer et apprendre. Il y a beaucoup de travaux différents : un auvent avec ardoises à poser, des enduits à l’argile (pour le moment, c’est la phase de test), des réparations sur des cadres en bois de fenêtres, de la maçonnerie…
C’est la première démarche volontaire, concernant un lieu, que je fais depuis le 2ème stage kerterre qui a eu lieu du 19 au 22 juillet. En effet, tout s’est enchaîné, je n’ai fait qu’accueillir les opportunités sur ma route.

Depuis le 22 juillet, j’ai pratiqué durant 5 semaines non consécutives la construction de kerterre, j’ai gardé des animaux de compagnie, j’ai franchi avec Cindy au cours d’une marche de dix jours les frontières allemande et suisse où j’ai trouvé sur le trottoir un sac à dos parfaitement adapté à mon voyage, j’ai perdu un ensemble d’affaires importantes par manque de communication de ma part et par manque d’attention de la part de celui a qui confondu mes affaires avec un sac poubelle, j’ai perdu mon bâton et mon matelas, je suis allée aux vendanges où les jeunes retraités passaient d’une phrase à l’autre entre le français et l’alsacien, j’ai aidé au déménagement/emménagement, j’ai eu deux rendez-vous ophtalmo qui m’ont confirmé un début de cataracte, un rendez-vous dentaire pour abcès dentaire, j’ai conduit sans mon vieux papier rose que je remplacerai plus tard par un plastique à validité temporaire et enfin, j’ai déposé cette semaine tous les documents nécessaires pour renouveler mon passeport. Un peu en bref.

Depuis que je suis partie, j’ai beaucoup reçu, sous des formes différentes. J’espère honorer ces dons, les faire circuler. J’ai donné comme j’ai pu et c’est encore tellement loin de ce que j’aimerais donner. Je me suis interrogée si je recevais par mérite, si je donnais par anticipation, alors que d’autres hypothèses sont possibles. J’essaye d’être dans le présent, qui contient à la fois le passé et le futur. J’expérimente la responsabilité du don. Si c’est donné, je ne peux rien attendre en retour. Et si l’on me donne, je ne suis pas responsable de ce don. Aussi, grâce à toutes les rencontres faites jusqu’à ce jour, je suis perdue de savoir qui donne, qui reçoit. On peut constater les mouvements de temps/matières/argent, mais plus difficilement ce qu’on ne voit pas, et tant mieux !

Contrairement à cette première phase du voyage où je me suis déplacée vers l’Est chaque jour ou presque, depuis le 24 juin je n’ai pratiquement pas été seule, toujours à deux, trois ou en groupe. J’ai toujours mon sac à dos près de ma couche chaque nuit.
Au cours de l’été et jusqu’à maintenant, j’ai pu revoir à plusieurs reprises des personnes rencontrées dans cette région, surtout dans les Vosges mais aussi en Haute-Saône, dans le bas-Rhin et le Haut-Rhin. Je me sens très accueillie, tout est facile ou presque. J’apprends à aimer les paysages de forêts avec un relief doux. Les couleurs d’automne commencent à arriver. Dans ce voyage, j’ai à cœur de rencontrer mais aussi de revoir ceux qui sont sur mon chemin, comme j’ai pu le faire avec ma famille éloignée en début de parcours. J’aimerais dire de nourrir les relations existantes, mais ce serait trop prétentieux et probablement faux.

Autant par ses habitants que par le type de chantier, ce lieu me donne envie de me poser, de goûter la vie ici et de me mettre à jour sur les plans numérique, matériel et administratif. Santé, j’aimerais bien aussi, j’ai une carie sous le bridge, c’est la difficulté de ne me projeter trop loin car je garde à l’esprit mon objectif. Pas de piste de dentiste pour le moment.
Depuis mon arrivée chez Gaël et Marie, je me lève avec 9°. C’est déjà un peu frisquet, mais c’est l’occasion (ce n’est pas la première) d’expérimenter des températures basses et les moyens de rester en santé.
Demain, nous poursuivrons sûrement la fondation pour un mur porteur à l’intérieur de la maison.

Plusieurs articles seront postés prochainement, à priori sous un autre format que celui de la ligne du temps qui n’est plus pertinent pour rendre compte du vécu de ces derniers mois, peut-être par thème (la kerterre, l’auto-stop, le matériel, la faim, la famille, la providence, l’apprentissage,…).

Pour conclure, je suis toujours sur la route vers Jérusalem où que je sois, sur la route, en chantier, seule ou avec d’autres. J’apprends, je contribue, je vis, j’avance extérieurement ou intérieurement ou… pas, et j’apprends que tout va bien.

Prenez soin de vous et à bientôt !


Ce n’est que partie remise…

Je projetais écrire une fois par semaine. Voulant mieux écrire mes posts, je n’en ai pas publié depuis début juillet. Le mieux n’est-il pas l’ennemi du bien ?

Je projetais rattraper mon retard (quel retard ? Le passé est déjà loin) mais j’ai eu la chance de marcher quelques jours avec Cindy avec qui j’ai partagé quelques semaines de colocation l’an dernier. Nous avons marché d’un chantier à un autre en passant par l’Allemagne et la Suisse (on n’était pas obligées mais c’était l’occasion de traverser les frontières).

Et me voilà de retour dans les Vosges pour les chantiers kerterre qui se termineront fin septembre. Je sais déjà que j’y repasserai plus tard, le temps dédié aux chantiers ont permis de nourrir de belles relations.
Après ce gros chapitre en éco-construction, j’essayerais d’écrire un peu ou beaucoup, j’améliorerai ma gestion des outils numériques, je bouclerai mon sac à dos (quelques changements involontaires et providentiels) et je reprendrai la route vers Jérusalem que je désire toujours parcourir. À pied et en auto-stop, j’aime tellement les deux. J’ai hâte de poursuivre même si l’avancée dans la saison n’incline pas à la facilité et au confort. Au vu de ces trois mois et demi, je suis confiante du chemin qui m’attend.

Vu la régularité de mes publications, j’ai donné sur la page d’accueil la possibilité d’être informé à chaque publication en s’inscrivant.

Prenez soin de vous et à bientôt !

« Il en faut peu pour être heureux » 1967

En 1967, pour le film The jungle book / Le livre de la jungle, Terry Gilkyson a écrit The bare necessities / Il en faut peu pour être heureux pour Disney. Le livre dont le film est inspiré fut écrit par Rudyar Kipling et paru en 1894.
La conception de la vie de Baloo est pleine de sagesse et totalement raccord avec les enjeux environnementaux.

Le chapitre kerterre n’est pas fini…

C’est une aventure humaine au-delà de l’habitat et son apprentissage dans la construction qui se poursuit au delà des deux stages programmés avant mon départ.

En Bretagne pour 5 jours, je rentre dans les Vosges ce week-end.

J’ai un problème sur WordPress sur smartphone : je n’arrive pas à revenir à la ligne dans changer de paragraphe. (Si vous avez une idée, je suis preneuse!)

Au cours de la première de septembre (peut-être avant mais difficile à anticiper) j’essaierai de vous partager ces dernières semaines. Elles sont riches en opportunités d’apprentissage, d’humilité, d’expérimentation, de retrouvailles… et jouent sur presque toute la palette des émotions.

Prenez soin de vous et à bientôt !

Vers Jérusalem – Semaine 5 (du 2 juillet au 12 juillet)

3 mois de retard dans l’écriture… voici cette première semaine de juillet dont l’écriture fut restée coincée dans mon téléphone jusqu’à aujourd’hui.

Après le stage B1 de kerterre (autant, il y a 3 mois, je n’avais crû bon de préciser, là, l’été est passé, l’automne est entamé…), j’ai choisi de rester encore quelques jours. Je m’y sentais tellement bien !
Ce temps fut riche d’échanges sur tellement de notions

Pendant le stage Kerterre, via le réseau Workaway, Mar est arrivée d’Espagne pour un mois et demi et quelques jours plus tard Barbora de République Tchèque pour trois semaines.

A trois, nous avons continué à construire la kerterre. C’était une belle expérience pour moi de transmettre tout ce que j’ai appris pour qu’elles aient du plaisir et soient autonomes.

Tout est couleurs
Avec Mar et Barbora, nous avons improvisé un test des couleurs avec ce qu’on avait sous la main, ou plutôt dans nos valises. Un bain de couleurs qui fait varier les traits du visage et met en lumière la proximité ou la distance que l’on peut avec les autres. Les filles m’ont surprise par leur rapide adaptation et leur appropriation de l’exercice.

Voici une photo prise la veille. Mar et Barbora faisaient la vaisselle. Le genre de visuel qui allume la lumière dans un coin de ma tête (hé oui, il en faut peu pour être heureux…parfois)

Avec ou sans oeufs ?
J’ai continué mon exploration des plantes comestibles. Voici la recette d’un très bon houmous à l’achillée mille-feuille (tous les ingrédients sont à mixer ensemble) :

  • 340g pois chiches cuits (=170g secs)
  • 6 cs huile olive
  • 6 cs jus de citron
  • 45 g de (jeunes) feuilles d’achillée mille-feuille

Et pour utiliser le jus de cuisson des pois chiches, autrement nommé aquafaba, une recette de meringues (dont les proportions n’ont pas été suivis à la lettre) dont les vegans peuvent profiter. Merci Barbora pour l’avoir fait ensemble !

Meringues vegan (sans oeufs, avec jus de cuisson de pois chiches)

L’œuf sur le plat… facile?
J’ai goutté le jaune crû sur du blanc cuit… Rien à voir avec l’oeuf sur le plat que l’on jette sur la poêle en terme de goût. Le jaune est goûtu. La littérature sur le sujet va dans le sens d’une cuisson plus saine, blanc bien cuit et jaune le moins cuit possible. Différent aussi au niveau du temps à préparer ! En effet, la cuisson des deux est différée, d’abord le blanc, puis le jaune. Entre les deux, je pose une cuillère ou la coquille (ce n’est pas encore le top) pour donner une forme au blanc d’œuf afin que le jaune ne glisse pas quand on le dépose.

C’est la vie !
Grâce à Barbora, j’ai découvert C’est la vie de Karel Gott qui évoque le passage à l’âge adulte vers sa prise de responsabilités. C’était un grand chanteur en République Tchèque.

Le stage B2 approchait, il me fallait partir. Cela devait être lundi mais la nuit précédente fut trop mauvaise et ne présageait rien de bon pour la journée en déplacement. La fatigue ne me réussit pas : après un moral miné ou pas, d’un coup je me sens au bout de ma vie. Alors, sans conséquences, hormis de rester avec plaisir une journée de plus, je pris la route mardi matin.