C’est une question que j’ai pu entendre de proches ces derniers temps. Il est vrai que ma trajectoire est un peu biscornue et un certain stationnement dans le grand Est se dessine plutôt clairement.

Pour resituer, c’est lors du mois août 2020 que l’idée d’aller à Jérusalem a germé… sûrement influencée par la chanson autant spirituelle qu’entraînante Jerusalema.
Au-delà de cette frontière géographique que j’espère traverser avec la grâce de Dieu, c’est le passage, le voyage initiatique jusqu’à ma Jérusalem céleste que je désire plus encore, en devenant une meilleure personne autant pour moi que pour les autres, en aimant plus et en agissant de manière juste. La route n’est qu’un prétexte. Le chemin est le sens de ma destination. Un magnifique lieu d’humains ou naturel n’aurait jamais eu autant d’attrait pour moi que cette route vers Jérusalem, lieu tellement emblématique du chemin du coeur de l’homme.

Depuis le 2 juin, hormis une petite semaine en Finistère, une autre en Hautes-Alpes pour la kerterre, et une dizaine de jours en itinérance en Allemagne et en Suisse, j’ai vadrouillé dans le grand Est. Tout s’est enchaîné… jusqu’à aujourd’hui où je viens de terminer une première semaine de chantier chez Gaël et Marie à Sainte Croix aux Mines dans les Vosges, à 500 mètres d’altitude. Ils ont 3 enfants : Paule, Meïlan et Solange et attendent leur 4ème enfant pour le jour de Noël. Je les ai découvert via le réseau de chantiers en écoconstruction Twiza. Ils rénovent une ancienne longère-bergerie avec des matériaux les plus biosourcés possibles : canalisations en terre cuite ou en cuivre, ardoises, pierre, bois, terre cuite et terre crûe, laine,… Forcément, ça me plaît beaucoup ! Gaël, charpentier de métier, travaille sur leur chantier à plein temps et accueille les twizers qui viennent contribuer et apprendre. Il y a beaucoup de travaux différents : un auvent avec ardoises à poser, des enduits à l’argile (pour le moment, c’est la phase de test), des réparations sur des cadres en bois de fenêtres, de la maçonnerie…
C’est la première démarche volontaire, concernant un lieu, que je fais depuis le 2ème stage kerterre qui a eu lieu du 19 au 22 juillet. En effet, tout s’est enchaîné, je n’ai fait qu’accueillir les opportunités sur ma route.

Depuis le 22 juillet, j’ai pratiqué durant 5 semaines non consécutives la construction de kerterre, j’ai gardé des animaux de compagnie, j’ai franchi avec Cindy au cours d’une marche de dix jours les frontières allemande et suisse où j’ai trouvé sur le trottoir un sac à dos parfaitement adapté à mon voyage, j’ai perdu un ensemble d’affaires importantes par manque de communication de ma part et par manque d’attention de la part de celui a qui confondu mes affaires avec un sac poubelle, j’ai perdu mon bâton et mon matelas, je suis allée aux vendanges où les jeunes retraités passaient d’une phrase à l’autre entre le français et l’alsacien, j’ai aidé au déménagement/emménagement, j’ai eu deux rendez-vous ophtalmo qui m’ont confirmé un début de cataracte, un rendez-vous dentaire pour abcès dentaire, j’ai conduit sans mon vieux papier rose que je remplacerai plus tard par un plastique à validité temporaire et enfin, j’ai déposé cette semaine tous les documents nécessaires pour renouveler mon passeport. Un peu en bref.

Depuis que je suis partie, j’ai beaucoup reçu, sous des formes différentes. J’espère honorer ces dons, les faire circuler. J’ai donné comme j’ai pu et c’est encore tellement loin de ce que j’aimerais donner. Je me suis interrogée si je recevais par mérite, si je donnais par anticipation, alors que d’autres hypothèses sont possibles. J’essaye d’être dans le présent, qui contient à la fois le passé et le futur. J’expérimente la responsabilité du don. Si c’est donné, je ne peux rien attendre en retour. Et si l’on me donne, je ne suis pas responsable de ce don. Aussi, grâce à toutes les rencontres faites jusqu’à ce jour, je suis perdue de savoir qui donne, qui reçoit. On peut constater les mouvements de temps/matières/argent, mais plus difficilement ce qu’on ne voit pas, et tant mieux !

Contrairement à cette première phase du voyage où je me suis déplacée vers l’Est chaque jour ou presque, depuis le 24 juin je n’ai pratiquement pas été seule, toujours à deux, trois ou en groupe. J’ai toujours mon sac à dos près de ma couche chaque nuit.
Au cours de l’été et jusqu’à maintenant, j’ai pu revoir à plusieurs reprises des personnes rencontrées dans cette région, surtout dans les Vosges mais aussi en Haute-Saône, dans le bas-Rhin et le Haut-Rhin. Je me sens très accueillie, tout est facile ou presque. J’apprends à aimer les paysages de forêts avec un relief doux. Les couleurs d’automne commencent à arriver. Dans ce voyage, j’ai à cœur de rencontrer mais aussi de revoir ceux qui sont sur mon chemin, comme j’ai pu le faire avec ma famille éloignée en début de parcours. J’aimerais dire de nourrir les relations existantes, mais ce serait trop prétentieux et probablement faux.

Autant par ses habitants que par le type de chantier, ce lieu me donne envie de me poser, de goûter la vie ici et de me mettre à jour sur les plans numérique, matériel et administratif. Santé, j’aimerais bien aussi, j’ai une carie sous le bridge, c’est la difficulté de ne me projeter trop loin car je garde à l’esprit mon objectif. Pas de piste de dentiste pour le moment.
Depuis mon arrivée chez Gaël et Marie, je me lève avec 9°. C’est déjà un peu frisquet, mais c’est l’occasion (ce n’est pas la première) d’expérimenter des températures basses et les moyens de rester en santé.
Demain, nous poursuivrons sûrement la fondation pour un mur porteur à l’intérieur de la maison.

Plusieurs articles seront postés prochainement, à priori sous un autre format que celui de la ligne du temps qui n’est plus pertinent pour rendre compte du vécu de ces derniers mois, peut-être par thème (la kerterre, l’auto-stop, le matériel, la faim, la famille, la providence, l’apprentissage,…).

Pour conclure, je suis toujours sur la route vers Jérusalem où que je sois, sur la route, en chantier, seule ou avec d’autres. J’apprends, je contribue, je vis, j’avance extérieurement ou intérieurement ou… pas, et j’apprends que tout va bien.

Prenez soin de vous et à bientôt !


Publié dans: Jérusalem.
Dernière modification: octobre 17, 2021

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