Merci à Nolwenn ; Stéphanie, Christian, Romane et Capucine ; Jean-Luc et Anne ; Mounir ; Françoise ; Jean-Philippe ; Yaya et Medhi ; Claude ; Dia ; la famille Raffi (Alexandre, Elisabeth, Emma et Lia) ; Franck ; Xavier et Bradley ; Jean-Pierre ; Lionel ; Florent ; Gérard, Edith et Simone ; Pascal et Isabelle ; Joël ; Doriane et Juliette ; Jérôme, Stéphane et Sandrine ; Florent ; Christophe et Estelle.

Passage à Paris pour cette troisième semaine à la fois pour récupérer mon poncho et mon bâton de marche et revoir des proches. Par ailleurs, je ne me sentais pas de débarquer à Paris sans savoir où j’allais dormir. Ce voyage est l’occasion de revoir de la famille éloignée que je n’ai pas revu depuis plus presque deux décennies, et ainsi entretenir des liens précieux, on partage une histoire commune.

Saint-Cloud

Arrivée à Rueil-Malmaison la veille, le 16 juin, j’ai fait l’aller-retour jusque dans le 15ème arrondissement de Paris pour récupérer mes affaires oubliées et la clé de l’appartement de Jean-Luc et Anne qui m’ont permis d’y dormir en leur absence. Sur tout mon trajet, j’ai rencontré une dizaine de petit barnums servant au dépistage du covid. La permanence était tenue, mais aucune personne n’y était arrêtée. La moitié de la population portait le masque et je n’ai rencontré aucun policier municipaux sur les 2 fois 10km parcourus. A part ça, Paris reste Paris.
Le lendemain, j’ai fait route jusqu’à Saint-Maur-des-Fossés. A la sortie de Paris, près des fontaines à eau plate et gazeuse mises à disposition, j’ai discuté avec Mounir qui m’a donné beaucoup de conseils et notamment de ne pas hésiter à aller vers les prostitués, dans les mosquées, d’aller à la rencontre de tout le monde.

Les rencontres du chemin sont souvent des bulles d’oxygène, je rencontre Florent le premier adjoint qui ponce les bans pendant que sa petite fille joue. Ou bien, Jean-Philippe jeune retraité qui pêche dans la Marne et pose un regard très tranquille sur l’actualité car elle disparait dans une histoire longue mêlant la petite et la grande histoire des petits et grands territoires. Je pourrais poursuivre la liste.

La Marne

Une générosité difficile à accueillir
Touchée par le gâchis existant, je souhaite me nourrir grâce à lui en partie pendant mon voyage. Je prends mon courage à deux mains et entre dans une boulangerie à Rueil. J’exprime du mieux que je peux mon voyage et demande à Mandele si elle n’a pas du vieux pain qu’elle jetterait ou donnerait. Elle me regarde avec des yeux ronds et me demande si c’est pour moi. Suite à ma réponse, elle me prépare un pain très frais. Je la remercie chaleureusement avant et après lui avoir demandé son prénom. Je m’enfuis presque tant je suis gênée par la situation en étant très gênée : je sais la valeur pour celui qui paye des charges ou pour celui qui achète pour se nourrir. Et moi ? Je choisis de voyager sans argent et bénéficie de la même qualité que celui qui paye. Cette situation s’est reproduite 2 fois, Rajan à Saint-Maur m’a proposé de choisir le paquet de gâteaux que je voulais dans son épicerie et Florent tenant le Proxi en me proposant le pain qui va se garder le plus longtemps, des tomates, des nectarines et un camembert. Quand plus tard sur mon trajet, je partage cette situation avec Corinne une habitante, elle me demande si je me suis arrêtée à la boulangerie, je lui réponds du tac-o-tac que j’ai encore des victuailles. J’ai l’impression que c’est ma réponse spontanée qui l’incline à me donner 10€. Je l’accueille, toujours avec un trémolo. Mounir, Françoise, la famille Raffi m’ont donné aussi de l’argent. Je me suis demandée si je ne devais pas refuser l’argent puisque j’avais choisi de le sortir de mon voyage. Finalement, j’ai opté pour accueillir plus que je n’ai demandé (des produits issus du gâchis ou 2m2 au sol pour dormir) avec l’intention de faire le meilleur usage possible, en fidélité avec mes valeurs, avec humilité en rapport à mes limites et avec transparence en vous partageant cette réalité-là.

Halle de Vezelise

Les petits pois
Lors d’un déplacement en autostop samedi matin, Jean-Pierre me partage qu’il a plusieurs caisses de petits pois à écosser. Je saute sur l’occasion ! Je vais pouvoir donner du temps, contribuer quelque part à un moment donné, de manière plus manuelle, plus incarnée. Finalement, on a écossé les petits pois le samedi soir et le dimanche matin. Jean-Pierre m’a offert l’hospitalité et m’a permis de poursuivre ma route le lendemain.
A d’autres moments, mon hôte m’a partagé recevoir quelque chose de moi, à travers les échanges ou un petit coup de main. On ne peut pas savoir ce qu’on donne avec ce qu’on est et ce n’est pas grave. Mais alors, être dans sa singularité la plus sincère et la plus joyeuse est une voie de don sans mesure ni démesure.

Le moment juste
Françoise ne s’est pas pourquoi elle s’est arrêtée à me parler. On a bien discuté, moi sur mon banc à Saint-Maur usée par les kilomètres depuis Paris et elle qui rentrait chez elle. L’inquiétude semble avoir été son premier moteur pour me proposer de dormir chez elle cette nuit. Elle a eu cet élan que j’entends parfois des conducteurs qui s’arrêtent quand je tends le pouce « Je n’ai jamais pris personne en stop ». Cette soirée orageuse dehors fut douce, Françoise a pris soin de moi comme une maman.

Lavoir à Maxey-sur-Vaise

Sucré ou salé
Pendant plusieurs jours, les conducteurs et les habitants rencontrés m’ont offert des denrées sucrées. C’était aussi mon grand plaisir… à court terme. Je me fais la remarque que le sucre n’est pas bon du tout pour mon corps mais que le sentiment de gratitude pouvait modifier l’effet produit sur mon corps tout en espérant que du salé ne tarde pas trop. Le lendemain matin, Franck qui m’a pris en stop alors que je n’avais pas encore sorti mon panneau me propose un sandwich à emporter pris sur la route. Puis d’autres denrées salées se sont ajoutées. J’ai souri car au moment où j’ai pris conscience que ces denrées sucrées étaient aussi douces au palet qu’acides à mon corps et non durables, j’ai eu la chance de manger des aliments salés. C’était comme une pluie qui arrive au moment où on prend conscience de la sécheresse.

Transmission
Je fus reçue par Isabelle et Pascal qui m’ont vue m’installer dans le lavoir qui leur font face et m’ont proposé spontanément l’hospitalité, de manière très naturelle, comme un héritage conservé et encore vivant. En outre, à l’entrée de leur maison, ils avaient sur le mur, l’inscription de Meilleure grand-mère du monde et Meilleur grand-père du monde. D’autre part, j’ai rencontre Doriane et sa petite fille Juliette de 4 ans qui se sont arrêtées à ma hauteur quand je marchais sous la pluie. Par des approches éducatives un peu différentes, Doriane a à coeur de transmettre l’ouverture à l’inconnu, à la différence, au champs des possibles.

Avec 4 jours d’avance, le 23 juin, j’arrive chez Christophe et Estelle chez qui le stage aura lieu. Une autre aventure commence…

Publié dans: Jérusalem.
Dernière modification: juin 29, 2021

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